« Aujourd’hui on est en train de détruire mon commerce », résume amèrement Alain Hohwald, boulanger installé rue Lothaire depuis une vingtaine d’années. L’artisan pointe différents projets de la Ville qui sont venus compromettre son activité : « La mise en sens unique de la rue limite le passage [en raison de l’arrivée du tram Ouest , NDLR], avec l’impossibilité désormais d’y accéder depuis la route des Romains. Les automobilistes ne peuvent plus faire demi-tour dans la rue pour repartir, ni reprendre la route vers l’ouest. Des clients ont essayé deux-trois fois, puis ils ont laissé tomber. Bref, c’est devenu un cul-de-sac. »

Et le professionnel d’égrener ses chiffres de fréquentation : « Avant j’avais 380 clients par jour, avec le chantier du tram, on est descendu à 220. Ces derniers jours, je suis à 180 seulement. »

Une perte de 22 % de son chiffre d’affaires

Alain Hohwald fait face également à un autre projet de la municipalité qui lui compliquerait la vie : l’ouverture du nouveau marché alimentaire juste devant son commerce, avec son propre stand de boulangerie. Une concurrence qu’il ne comprend pas : « On m’avait, c’est vrai, proposé de m’installer sur un stand, mais mon commerce est à 5 mètres, c’est quoi l’intérêt ? » tempête-t-il. « Un marché c’est bien, mais il ne faut pas que ça nous condamne ! »

Le boulanger indique avoir perdu 22 % de son chiffre d’affaires et devoir réfléchir à fermer : « Je me laisse deux mois. C’est un cri de détresse », soupire Alain Hohwald, dont la boulangerie emploie également trois salariés dont son fils et sa belle-fille. « On m’avait promis qu’après les travaux, la rue retrouverait sa configuration initiale, mais ce n’est pas le cas. Il suffirait pourtant d’enlever les piquets quand il n’y a pas le marché pour retrouver la circulation normale. Mais c’est un dialogue de sourds. »

Une pétition de plus de 200 signatures

Selon l’adjoint de quartier, Pierre Ozenne, plusieurs aménagements ont toutefois été réalisés : « Tout le secteur a été placé en zone bleue pour le stationnement et assurer une rotation, le nombre de places de stationnement n’a pas changé. On en a même ajouté quelques-unes. On a également proposé au boulanger d’installer une terrasse pour son salon de thé devant son commerce grâce au trottoir élargi d’une dizaine de mètres. » L’élu écarte toutefois la remise en double sens de la rue Lothaire. « Deux ans de chantier c’est dur, je ne sous-estime pas sa situation. Mais on essaye de développer des conditions favorables pour que son commerce puisse repartir. »

Le boulanger a lancé de son côté une pétition improvisée sur les feuilles d’un cahier : en deux jours, elle a dépassé les 220 signatures. « Je veux me faire entendre », prévient-il.