«Wake Up ! » C’est le premier grand rendez-vous de la saison. Et c’est bien sous le signe de l’éveil – de la nature, des sens, de l’amour – que trois chorégraphes majeurs de la scène contemporaine s’invitent au Grand-Théâtre, à Bordeaux, avec des créations portées par le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux.
Entre extase et abîme
Le Suédois Pontus Lidberg, aujourd’hui à la tête du Ballet de Nice, lance la soirée avec « The Shimmering Asphalt ». Créée en 2017 pour le New York City Ballet, cette pièce organique et poétique s’appuie sur la musique de David Lang, prix Pulitzer 2008 pour « The Little Match Girl Passion », inspirée du conte d’Andersen, « La Petite Fille aux allumettes ».
Sur scène, quatre danseurs en shorts amples et peignoirs translucides pastel s’élancent dans une alchimie gestuelle
Vient ensuite « Woke up Blind » (2016), signée du chorégraphe allemand Marco Goecke pour le Nederlands Dans Theater (NDT 1) : une déflagration dramatique, tendue sur les voix incandescentes de Jeff Buckley, entre extase amoureuse et abîme tragique. Le Britannique Christopher Wheeldon, acclamé sur toutes les scènes du monde, referme le programme avec « Within The Golden Hour » (2008), bijou néoclassique porté par les musiques d’Ezio Bosso et de Vivaldi.
Et Vivaldi justement : ses « Quatre Saisons », chef-d’œuvre du baroque, inspirent la dernière création d’Anne Teresa De Keersmaeker et Radouan Mriziga pour la compagnie Rosas. « Il cimento dell’armonia e dell’inventione » (« L’Épreuve de l’Harmonie et de l’Invention ») reprend le titre du recueil de concertos, composé entre 1723 et 1725, dont les quatre premiers forment le cycle légendaire.
La fragilité des saisons
Sur scène, quatre danseurs en shorts amples et peignoirs translucides pastel s’élancent dans une alchimie gestuelle où précision mathématique, géométrie minimale et rythmes ciselés de De Keersmaeker se frottent aux accents urbains de Mriziga. Claquements de pieds à la Fred Astaire, touches hip-hop, humour discret : une partition inventive qui interroge, en filigrane, notre rapport à la nature et la fragilité des saisons.
Au Théâtre Fémina, d’autres croisements prennent forme. Avec la complicité de Julien Derouault, Marie-Claude Pietragalla, ancienne étoile de l’Opéra de Paris, offre un portrait chorégraphique de Barbara. Entre danse, théâtre et musique, elle convoque les chansons emblématiques de la dame en noir – de « L’Aigle noir » à « Göttingen », en passant par « Ma plus belle histoire d’amour ».
Au programme
« Wake Up ». Du samedi 11 octobre au vendredi 17 octobre à 20 heures. Samedi 18 octobre 2025, à 15 heures et 20 heures au Grand-Théâtre à Bordeaux. De 10 à 50 euros. www.opera-bordeaux.com
Anne Teresa de Keersmaeker, « Il cimento dell’armonia e dell’inventione ». Du mardi 4 au samedi 6 novembre 2025 à 19 h 30, au TnBA, à Bordeaux. Places de 15 à 30 euros. tnba.org
« Barbara – Pietragalla ». Du jeudi 4 au samedi 6 décembre 2025,à 20 h 30 au Théâtre Femina, Bordeaux. De 25 à 62 euros. theatrefemina.com