Une maladie invisible… mais pas silencieuse
La sclérose en plaques (SEP) touche aujourd’hui plus de 120 000 personnes en France. En majorité des femmes, jeunes, actives, souvent en pleine ascension professionnelle ou familiale. Son impact ? Douloureux et progressif : troubles moteurs, troubles cognitifs, fatigue extrême, perte d’autonomie à long terme. Et pourtant, cette maladie reste aujourd’hui sans traitement curatif. D’où l’importance cruciale de la repérer au plus tôt.
Le hic ? Ses premiers symptômes sont souvent diffus, peu spécifiques, facilement attribués à autre chose : stress, mauvaise hygiène de vie, fatigue passagère… Résultat : les diagnostics arrivent parfois trop tard pour que les traitements puissent ralentir efficacement la progression du handicap.
Mais une équipe de chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique, dirigée par la neurologue Helen Tremlett, a mené une enquête approfondie qui pourrait changer la donne.
Fatigue et anxiété : des consultations bien avant les premiers signes neurologiques
L’étude, publiée dans JAMA Network Open le 1er août 2025, a comparé les dossiers médicaux de plus de 2 000 patients atteints de SEP avec ceux de 10 000 personnes en bonne santé, remontant jusqu’à 25 ans avant le diagnostic. Et ce qu’elle révèle est saisissant : 15 ans avant le diagnostic, les futurs patients souffraient déjà de fatigue chronique et d’anxiété, au point de consulter leur médecin plus fréquemment que la moyenne.
Douze ans avant le diagnostic, c’est vers les professionnels de santé mentale qu’ils se tournent, deux fois plus que les autres. Et neuf ans avant, les premiers troubles visuels font leur apparition, souvent sous forme de vision brouillée. Autant de signaux faibles qui, mis bout à bout, dessinent une trajectoire bien trop claire pour être ignorée.
Le saviez-vous ? Selon des études antérieures menées par l’équipe de la Dr Tremlett, les patients atteints de SEP sont deux fois plus susceptibles de souffrir de troubles psychiatriques avant même que la maladie ne soit diagnostiquée.
Et si on repensait le parcours de soin ?
Ce qui est frappant, dans cette étude, c’est qu’elle ne met pas seulement en lumière des symptômes physiques, mais aussi le parcours de soin. Oui, ce chemin semé de consultations apparemment anodines, qui cache parfois bien plus qu’une simple fatigue saisonnière ou une anxiété passagère.
La Dre Tremlett l’explique clairement : « En identifiant ces signaux d’alerte précoces, nous pourrons peut-être intervenir plus tôt, que ce soit par le biais d »une surveillance, d’un soutien ou de stratégies préventives. » Une porte s’ouvre donc vers une détection précoce, non plus seulement basée sur des symptômes, mais sur l’observation fine des comportements médicaux.
Pourquoi c’est essentiel ?
La SEP est une maladie évolutive. Plus elle est détectée tôt, plus les traitements peuvent ralentir sa progression. Malheureusement, aujourd’hui encore, il n’existe aucun examen spécifique pour la diagnostiquer avec certitude dès les premiers signes.
Problèmes de vision, de coordination, troubles urinaires, douleurs diffuses, fatigue extrême… la liste est longue, et aucun de ces symptômes, pris isolément, ne permet de tirer la sonnette d’alarme. Mais ensemble ? Ils pourraient bien être la clef.
Alors, si un patient multiplie les visites pour des troubles qui semblent flous, récurrents, sans cause identifiable, ne serait-il pas temps de penser autrement ?