Le tribunal de Nantes a condamné une Australienne de 65 ans à 20 ans de prison pour le meurtre d’un jeune de 28 ans, qui avait disparu sans laisser de traces en 2016.
Cette peine est assortie d’une interdiction de détenir ou de porter une arme soumise à autorisation pendant 15 ans, et de l’interdiction définitive du territoire français. L’avocate générale avait requis une peine « d’au moins » 20 ans.
Un meurtre « sans corps ni aveux »
Les cinq jours de procès devant la cour d’assises de Loire-Atlantique n’ont pas permis d’éclairer précisément la nature de la relation entre l’accusée, âgée de 64 ans, et le jeune homme, qui s’étaient rencontrés en 2015.
« C’est un procès extrêmement difficile car on vous demande de juger un meurtre sans corps et sans aveux », a reconnu l’avocate générale Claire Loumadine dans son réquisitoire, pointant malgré tout la responsabilité « d’une seule et unique coupable ».
Florent Grégoire, ingénieur en informatique, n’a plus donné signe de vie depuis le 12 septembre 2016, date à laquelle il a été vu sortir d’une auberge en Andorre avec un simple sac à dos.
« Au bout de ces années d’enquête et cinq jours de procès, aucun élément ne peut accréditer la thèse du suicide. Encore moins celle d’une disparition volontaire », a affirmé l’avocate générale, regrettant que l’accusée ne cesse de « s’enferrer dans les mensonges, le déni et les manipulations ».
Une coupable « mythomane »
De nationalité australienne, née en Indonésie en 1960, cette dernière a été arrêtée en 2019 à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle et est détenue depuis lors.
Initialement mise en examen pour enlèvement et séquestration, elle était jugée pour meurtre et a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. Elle avait rencontré Florent Grégoire en novembre 2015 dans une auberge de jeunesse bordelaise. L’enquête évoque « un voyage en commun en Espagne » quelques semaines plus tard.
Après la disparition du jeune homme, l’accusée, qui logeait dans la même auberge en Andorre, ne s’en est inquiétée qu’une semaine plus tard, a souligné l’avocate générale. Elle va alors « fomenter une mise en scène de la petite amie éplorée », a dénoncé Claire Loumadine, faisant référence à « ces meurtriers qui participent aux battues citoyennes, à l’image de Jonathann Daval ».
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Pour la défense, Me Simon Despierre a plaidé l’acquittement, mettant en avant un dossier « rempli d’hypothèses et d’incertitudes », tout en reconnaissant la « mythomanie » de sa cliente et « des explications très certainement insupportables à écouter pour des proches en attente de réponses ». « Elle n’est pas crédible, on le sait. Mais on lui prête une intelligence du crime qu’elle n’a pas », a-t-il dit.