Ce rapport, relayé par un institut britannique, se fonde sur plus de 800 pages de documents obtenus par un collectif d’hacktivistes. Ils affirment que la Chine pourrait attaquer Taïwan en 2027.

Un rapport qui pourrait produire une onde de choc internationale. Le groupe de réflexion britannique Royal United Services Institute a publié ce 26 septembre une note affirmant que la «Russie  aide la Chine  à se préparer à s’emparer de Taïwan ». Se fondant sur plus de 800 pages de documents obtenues par le groupe hacktiviste «Black Moon», l’institut assure que «le président chinois XI Jinping a ordonné à l’Armée populaire de libération (APL) d’être prête à s’emparer militaire de Taïwan d’ici 2027».

D’après le Royal United Services Institute, organisme indépendant qui aurait vérifié l’authenticité des documents, «une opération amphibie à grande échelle» pour capturer Taïwan «est très risquée, les sites propices au débarquement des troupes et du matériel à terre étant limités par la pente et la capacité de charge des plages.» C’est pour cela que Pékin compterait sur la Russie, expérimentée à la suite de l’invasion de l’Ukraine, pour «identifier les possibilités de débarquement de troupes».


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D’après l’institut et les documents dévoilés par «Black Moon», que Le Figaro a pu consulter partiellement, la Russie aurait accepté en 2023 de fournir à l’armée populaire de libération un ensemble complet d’armes et d’outils afin d’équiper un bataillon aéroporté, ainsi que des formations et du personnel technique. Ce projet, nommé «Sword 208», est détaillé dans un document consulté par nos soins, qui passe en revue le «développement d’un système d’automatisation du commandement des troupes aéroportées», mettant en avant, schéma à l’appui, des «casques à conduction osseuse avec microphone biométrique» équipant les soldats ou des «terminaux à écran tactile»…

Une page des documents révélés par le groupe hacktiviste BlackMoon.
BlackMoon

Accords sur des livraisons de blindés

Ce système est vanté sur le document comme étant capable «d’assurer la mise en œuvre de différents types de communication pour transmettre de manière fiable l’information et garantir la diffusion des ordres et signaux de commandement depuis les niveaux supérieurs vers les niveaux inférieurs», peut-on notamment lire. Il permettrait, en outre, d’«augmenter l’efficacité des formations aéroportées de 2 à 2,5 fois».

Selon l’institut britannique, la Russie transférerait également à la Chine des technologies qui lui permettront d’augmenter la production d’armes et d’équipements militaires. Les accords passés entre les deux parties prévoiraient, notamment: la vente par la Russie à la Chine de 37 BMD-4M, des véhicules d’assaut amphibies légers équipés d’un canon de 100 mm et d’un canon automatique de 30 mm; 11 canon automoteurs amphibies antichars légers Sprut-SDM1 avec un canon de 125 mm; 11 véhicules blindés aéroportés de transport de troupes «Rakushka»; et plusieurs véhicules de commandement et d’observation. Les accords stipuleraient en outre que tous les véhicules blindés soient équipés de modules de commandes en chinois.

Un document révélé par le groupe «Black Moon».
«Black Moon»

La Russie étant plus expérimentée que la Chine en termes de troupes aéroportées, Moscou devrait également former un bataillon de parachutistes chinois. «Les conducteurs de véhicules blindés seront formés à la base de Kurganmashzavod, et les équipages des véhicules de commandement et d’observation KMN et des canons antichars Sprut seront formés à Penza à la centrale nucléaire de JSC Rubin», énumère l’institut britannique. «Un centre de maintenance technique et de réparation d’équipements russes sera créé en Chine, auquel toute la documentation technique nécessaire sera transférée», peut-on aussi lire.

«Des combats dans toute la mer de Chine méridionale»

Selon l’institut, la «capacité de larguer des véhicules blindés sur des terrains de golf ou d’autres zones de terrain ouvert près des ports et des aérodromes de Taïwan permettrait aux troupes d’assaut aérien d’augmenter considérablement leur puissance de combat et de menacer de s’emparer de ces installations pour ouvrir la voie au débarquement des forces suivantes».


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Le rapport note aussi que toute tentative d’invasion de Taïwan «entraînerait probablement des combats dans toute la mer de Chine méridionale, ce qui obligerait l’armée chinoise à projet sa puissance de combat». «Dans les phases initiales de la guerre, les manœuvres aériennes pourraient permettre à l’APL de déplacer des forces aéroportées (…) vers des terrains critiques au-delà de Taïwan, en sécurisant des aérodromes ou d’autres infrastructures qui pourraient soutenir les opérations américaines pour contrer les débarquements amphibies de l’APL sur Taïwan», peut-on lire.

Durant un exercice conjoint entre la Chine, la Russie et l’Iran dans le golfe d’Oman, en mars 2023.
– / AFP

La Russie, jusqu’ici réticente à l’exportation de son expertise militaire et technique vers la Chine par crainte de vol de propriété intellectuelle, se montre de plus en plus encline au partage, alors que Vladimir Poutine souhaite remettre en cause l’ordre mondial établi. «Moscou considère de plus en plus l’invasion de Taïwan comme un moyen de renforcer son influence sur Pékin en faisant de la Russie un fournisseur de matières premières critiques et de capacité industrielle militaire», analyse également l’institut. Dans tous les cas, les deux pays ont organisé 14 exercices militaires conjoints en 2024, près du double que ceux organisés une décennie plus tôt, signe de leur rapprochement.