Les drones ont fait leur entrée sur la scène mondiale avec la guerre en Ukraine. Plutôt discrète jusque-là, l’utilisation de ces engins télécommandés à des fins militaires a été popularisée par la défense ukrainienne dès le début de l’invasion russe. Pas chers, agiles, pilotés par des experts, les drones de Kiev ont démontré leur efficacité face à l’armée d’infanterie de l’envahisseur avant que Moscou ne décide de revoir sa stratégie et ne produise en masse ces appareils volants, ce qui a changé profondément la nature du conflit.

Avec l’intrusion de drones russes dans les espaces aériens polonais et roumains, début septembre, et le survol d’aéroports danois par des drones non identifiés à trois reprises cette semaine, les Européens éprouvent très concrètement ce nouveau visage de la guerre. Un front hybride où les drones sont les armes des faibles et des petits, les grains de sable dans une mécanique trop bien huilée, les vers dans le fruit comme peuvent l’être par ailleurs les cyberattaques ou les opérations de désinformation et d’ingérence.

L’infiltration de drones révèle la vulnérabilité des systèmes de défense classiques et des organisations centralisées en matière d’infrastructures énergétiques ou militaires. La projection d’essaims de petits aéronefs sur des populations civiles n’en est que plus inquiétante tout comme leur prolifération à travers la planète. Si un drone peut tuer ou détruire un équipement, c’est aussi un remarquable outil pour insécuriser une population et déstabiliser un pays à peu de frais.

Cette menace qui se précise doit pousser les Européens à accélérer la production de drones mais aussi à installer très rapidement un système de défense en s’appuyant notamment sur l’expertise ukrainienne. C’est tout le sens de la réunion qui s’est tenue ce vendredi à Helsinki entre une dizaine de membres de l’Union européenne et l’Ukraine. Du rideau de fer au mur anti-drones, le Vieux continent renoue avec une drôle de guerre.