Si ce petit espace parisien a la chance d’être baigné de lumière, le soleil traversant les pièces d’un bout à l’autre de l’appartement, il s’accordait mal avec le style de vie de son propriétaire. Passionné de cuisine, ce trentenaire évoluait dans un intérieur cloisonné et peu adapté pour recevoir. Composé de Florence Vita et de Christophe Gourdier, le duo Lagoa Architecture est intervenu pour rénover ce 45 mètres carrés à fort potentiel. L’enjeu, remettre la cuisine (jusqu’alors isolée) au centre des usages et redonner à la chambre une fonction plus adaptée à son occupant : un rôle secondaire.
Le charme de l’ancien a été conservé : moulures, parquet et cheminée d’origine. Bibliothèque Accardi Buccheri pour Medulum.
Juan Jerez
La cuisine-salle à manger peut recevoir jusqu’à huit convives.
Juan JerezUn plan au goût d’aujourd’hui
Situé au cœur du (très prisé) Xe arrondissement, à deux pas du Canal Saint-Martin, le bien est sis au cinquième étage d’un immeuble de 1900. Traversant et plutôt spacieux pour accueillircoin un célibataire parisien, il jouissait d’une luminosité trop peu exploitée, car limitée par le cloisonnement — voir plans en fin d’article. Le premier ouvrage de Lagoa a, ainsi, été de hiérarchiser les usages dans une démarche à la fois contemporaine, et adaptée au rythme du propriétaire. Une chambre sur rue avec un balcon, un salon sur cour, une cuisine remisée dans une (trop) petite pièce : l’ensemble a été entièrement réagencé de sorte à profiter d’une grande cuisine, ouverte sur une salle à manger, d’un séjour désormais doté d’une terrasse, et d’un nuit sur cour, plus calme et plus réduit. « Notre client passe peu de temps dans sa chambre, il n’y travaille pas. Nous l’avons donc transformée en espace plus compact », précisent les architectes.
La chambre, compacte, est réduite à son usage essentiel.
Juan Jerez
La cuisine ouvre sur la chambre grâce à une double porte vitrée.
Juan JerezTransparences et jeux de lumière
Aussi, pour exploiter la luminosité au maximum, Lagoa a joué avec la transparence afin de laisser filtrer le soleil à travers les pièces. « Il y avait cette possibilité de donner une profondeur au champ de vision, du balcon jusqu’à la chambre. Une caractéristique particulièrement importante pour nous, parce qu’avoir de la lumière partout donne une sensation d’espace d’autant plus forte. » Les portes ont ainsi été conçues en PMMA, un plastique dense et résistant, habituellement utilisé dans l’industrie, mais détourné ici pour les biens de la rénovation. « Lorsqu’on a contacté le fabricant pour faire de la menuiserie avec le PMMA, il était assez étonné, livre le duo. Le propriétaire, lui, n’était pas plus convaincu : le plastique est bien moins noble que le verre… mais nous avons pu le séduire grâce au rendu final et à la différence de coût entre les deux matières ».
Un plastique industriel a été utilisé pour réaliser les portes vitrées.
Juan Jerez
Du salon à la chambre, les espaces sont liés par le bois et la transparence des ouvertures.
Juan Jerez
Le résultat, des ouvertures vitrées, dans un esprit industriel ultra moderne, qui respectent à la fois les exigences de budget, de fabrication et de longévité dans le futur. « L’idée était d’utiliser ce matériau assez léger pour garder une finesse dans les encadrements. Il est aussi plus facile à mettre en place par le menuisier et permet de créer une texture un peu givrée, qui vient ‘intimiser’ la chambre et le salon quand les portes sont fermées ». Finalement, ces ouvertures singulières sont devenues la signature de l’appartement.