L’heure du grand come-back a-t-elle sonné pour Tony Blair ? L’ancien Premier ministre britannique, au pouvoir à Londres entre 1997 et 2007, pourrait être appelé à jouer un rôle de premier plan dans l’architecture institutionnelle future du Moyen-Orient, une fois terminée la guerre dans la bande de Gaza au cours de laquelle plus de 65 000 Palestiniens ont été tués. Selon des informations publiées jeudi 25 et ce vendredi 26 septembre dans la presse britannique, israélienne et américaine, le dirigeant de 72 ans aurait été choisi par les Etats-Unis pour prendre la tête après la guerre d’une hypothétique «Autorité de transition internationale de Gaza» (Gita). Une source citée par le Financial Times explique que Blair a demandé à siéger au conseil d’administration de la Gita.
Les Américains, qui ont présenté cette semaine aux pays arabes et musulmans, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, un plan de paix pour Gaza («Il semble que nous ayons un accord», s’est même avancé Donald Trump ce vendredi), souhaitent que cette instance soit chargée de la gouvernance et de la reconstruction de l’enclave après la guerre. Il s’agirait d’une autorité provisoire, installé pour une durée maximale de cinq ans, dans un premier temps sans l’implication de l’Autorité palestinienne. Dans ce cadre, Tony Blair dirigerait, selon les détails du plan américain rapportés par le quotidien britannique The Guardian, un secrétariat composé de 25 personnes maximum, et présiderait le conseil d’administration de la Gita.
En 2007, après avoir quitté pour de bon le 10, Downing Street, l’ancien travailliste était devenu envoyé spécial pour le Moyen-Orient d’un quartet composé des Etats-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et de l’ONU – un poste qu’il a occupé jusqu’en 2015, sans succès majeur à son actif. Depuis le début de la guerre, il a participé aux réflexions américaines sur l’imposition à la bande de Gaza d’une tutelle internationale. Le Financial Times avait révélé début juillet que des représentants de sa fondation (le Tony Blair Institute) avaient contribué au projet trumpiste de «Riviera», qui envisageait le déplacement d’une partie de la population gazaouie, assimilable à du nettoyage ethnique. A l’époque, le Tony Blair Institute avait pris ses distances avec les positions de l’administration américaine, et déclaré n’avoir «jamais rédigé, développé ou approuvé» des propositions relatives à des déplacements de population. Ce vendredi, la BBC précise que l’ancien chef de gouvernement a stipulé qu’il refuserait tout job comprenant le déplacement de Palestiniens.
Fin août, l’ancien Premier ministre avait assisté en personne à une nouvelle réunion, à la Maison Blanche, sur l’avenir du territoire palestinien. Jared Kushner, le gendre du président des Etats-Unis et ancien envoyé spécial pour le Moyen-Orient, était également présent. Proche de plusieurs dirigeants du Golfe, Tony Blair a cependant mauvaise réputation auprès des opinions publiques de la région, du fait de son soutien à l’intervention américaine contre l’Irak, en 2003. L’intéressé, jusque-là, n’a jamais commenté publiquement son rôle dans les négociations internationales sur l’après-guerre dans la bande de Gaza, dévastée par les bombes et la famine.