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Rédaction Paris

Publié le

26 sept. 2025 à 18h33

Rompu au dialogue social, homme de terrain et habitué aux échanges avec les élus, Jean Castex coche plusieurs cases opportunes pour prendre la tête de la SNCF, une entreprise qu’il rêvait de diriger depuis longtemps.

Mettre la RATP sur de bons rails

Moins d’un an après sa reconduction à la tête de la RATP, le 23 octobre 2024, l’ancien Premier ministre a donc été choisi pour succéder à Jean-Pierre Farandou, contraint de quitter son poste en raison de la limite d’âge.

En trois ans à la tête de la régie des transports de Paris et sa région, ce passionné de train a rempli la mission principale pour laquelle il avait été nommé : garantir des transports de qualité pendant les Jeux olympiques.

La partie n’était pourtant pas gagnée à son arrivée en novembre 2022, avec un service très dégradé en raison d’une pénurie de personnel, d’un absentéisme endémique et de grèves sporadiques pour dénoncer l’ouverture à la concurrence du réseau de bus.

En un an et demi, Jean Castex négocie des accords sociaux, octroie de généreuses hausses de salaires et lance des plans de recrutement ambitieux qui remettent l’entreprise sur de bons rails. Les JO sont une réussite. La desserte des sites de compétition est fluide et les transports franciliens impressionnent les touristes comme les plus sceptiques des Parisiens.

Des bains de popularités

Jean Castex s’offre même des bains de popularité improvisés, en participant lui-même à l’orientation des flux de voyageurs à la sortie des gros évènements. Les vidéos filmées par des usagers sont massivement partagées sur les réseaux sociaux.

L’ancien maire de Prades, qui a conservé son léger accent du sud-ouest, use à la RATP de la même méthode qu’à Matignon, avec des sorties sur le terrain quasiment quotidiennes.
Les syndicats l’apprécient – FO réclamera même qu’il soit reconduit à son poste – mais les résultats financiers sont moins flamboyants.

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Sous sa présidence, la RATP affiche des pertes en 2023 comme en 2024, en partie à cause du choc inflationniste qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie et un bond de 400 millions d’euros de la facture énergétique. Au premier semestre 2025, le groupe est revenu dans le vert, dégageant un bénéfice de 153 millions d’euros. L’ouverture à la concurrence du réseau de bus de Paris et de sa petite couronne est également douloureuse.
La RATP a perdu des dizaines de lignes au profit de ses concurrents (Keolis, Transdev ou ATM).

Un technocrate rompu aux rouages de l’État

Petit-fils de sénateur, formé à l’ENA, passé par la Cour des comptes, Jean Castex est aussi un techno rompu aux rouages de l’État, ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand aux ministères de la Santé et du Travail, secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, puis délégué interministériel aux JO-2024.

Le grand public le découvre le 3 juillet 2020, lors de sa nomination surprise à Matignon, où sa mise quelque peu désuète deviendra familière des Français. Il est l’homme des confinements et déconfinements, des couvre-feux successifs qui suivent le rythme des vagues de l’épidémie, mais aussi du quoi qu’il en coûte pendant une période de crise où la priorité est la protection des Français.

Après son passage à Matignon, Jean Castex renonce à tous les avantages des anciens Premier ministres (chauffeur, protection rapprochée, collaborateur rémunéré par l’État), une rareté qui contribue à sa popularité. Au point que certains lui prêtent des ambitions présidentielles.

« Je n’y crois pas du tout. Et je ne pense pas que lui-même en ait envie », relevait un ministre en juin 2024. L’intéressé lui-même n’a jamais donné de signaux laissant entrevoir un quelconque intérêt pour la fonction suprême. « J’ai dit publiquement que je quittais la vie politique et que je souhaitais me rendre utile autrement », rappelait-il encore en 2024.

Avec AFP

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