Le programmateur de 75 ans a annoncé se retirer, le temps d’un audit, de la structure gérant la direction artistique de la manifestation musicale nantaise et d’une quinzaine d’autres festivals. Il nie néanmoins en bloc l’ensemble des accusations dont il fait l’objet.
La crise dans les coulisses de La Folle Journée de Nantes. Le fondateur et directeur artistique de la manifestation musicale, René Martin, 75 ans, a été mis en retrait, mercredi 24 septembre, du Centre de réalisations et d’études artistiques (Créa), l’association organisatrice du festival et d’une quinzaine d’autres événements culturels. La décision suit la publication d’une enquête conjointe de Médiacités et de La Lettre du Musicien qui a révélé des accusations de management toxique et «hypersexualisé» au sein de l’association, ainsi qu’un système complexe de dépenses excessives.
Les témoignages recueillis par nos confrères auprès d’une vingtaine de salariés et ex-salariés du Créa dressent le tableau d’une association minée par une ambiance de travail pesante, entre «emprise, humiliations et atmosphère sexualisée». L’entourage professionnel de René Martin évoque une personnalité «colérique» et capricieuse, harcelant ses collaborateurs à toute heure, même pendant leurs congés. Les femmes rapportent des remarques salaces, «des regards appuyés et des comportements tactiles» qui ont nécessité de revoir leur façon de s’habiller. Le programmateur de renom aurait également exposé ses collaborateurs à des contenus pornographiques, en abusant de leur adresse mail professionnelle sur des sites spécialisés ou en diffusant de manière répétée des sons d’actes sexuels provenant de vidéos explicites.
Des accusations «malveillantes et diffamatoires»
Le volet financier de l’enquête menée par Médiacités et La Lettre du Musicien révèle en outre une certaine porosité entre les finances du Créa et les dépenses personnelles de René Martin. Ainsi, alors que l’association connaît des problèmes financiers importants depuis la pandémie du Covid-19, plusieurs dizaines de frais professionnels étonnants et non justifiés de René Martin ont pu être dénombrées, dont des dépenses dans un magasin de vêtements pour enfants, à Leroy Merlin ou encore des achats de linge de maison. Toujours selon les informations de nos confrères, le Créa aurait fait l’objet d’un contrôle et d’un redressement fiscal cet été.
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René Martin nie en bloc l’ensemble des accusations qu’il qualifie de «fausses, malveillantes et diffamatoires», en démentant notamment avoir «exposé volontairement ses salariés à des contenus d’ordre privé». Une source proche du dossier confirme néanmoins au Figaro la mise en retrait de René Martin. La décision a été prise conjointement par l’intéressé et le bureau du Créa, quelques jours après les révélations parues dans la presse. Le fondateur de La Folle Journée restera à l’écart du Créa pour la durée d’un audit «sur le climat social et le bien-être au travail» de l’association, censé démarrer lundi 29 septembre.
Les révélations ont fait réagir jusqu’à l’exécutif de la ville de Nantes, co-fondatrice de La Folle Journée. «Quand il est question de violences sexistes et sexuelles on ne peut transiger. On le doit aux victimes. Je veux un audit rapide, une écoute indépendante. Toutes les conséquences en seront tirées», a indiqué jeudi la maire, Johanna Rolland, sur le réseau social X, en saluant l’«absolue nécessité» de la mise en retrait de René Martin. Fondée en 1995, avec le parrainage de l’édile de l’époque, Jean-Marc Ayrault, la Folle Journée a accueilli quelque 140.000 spectateurs lors de sa dernière édition, entre janvier et février 2025.