Une entrée en matière fracassante. En seulement deux matchs de Top 14, Matthieu Jalibert (26 ans) a été omniprésent. Au regard de ses prestations face à La Rochelle (23-18) et Montauban (71-24), l’international français (35 sélections) a rappelé à quel point il pesait dans le jeu de l’Union Bordeaux-Bègles. « Son début de saison est dans la lignée de ce qu’il a accompli la saison dernière, souligne Yannick Bru, le manager bordelais. Je le sens bien dans ses baskets et concentré sur les performances. »

Hasard ou coïncidence, sans son maître à jouer, préservé en raison d’une gêne musculaire, le club girondin est passé complètement à côté de son match sur le terrain du Racing 92 (44-32). Les stats parlent d’elles-mêmes : depuis la saison 2023-2024, le ratio de victoires de l’UBB s’élève à 71 % lorsqu’il est présent sur le terrain, et seulement 48 % lorsqu’il est absent. Titulaire pour le déplacement au Stade Français ce samedi (14 h 30), le demi d’ouverture tentera de surfer sur son élan afin de mener son équipe vers un premier succès à l’extérieur cette saison.

« Ce qui nous plaît, c’est son implication sur les semaines d’entraînement et le leadership qu’il a développé »

Alors que l’effectif de l’UBB est amputé de nombreux cadres, notamment sur les lignes arrière (Maxime Lucu, Yoram Moefana, Romain Buros…), Matthieu Jalibert a pris les clés du camion. « Je pense que son début de match face à La Rochelle ne l’a pas satisfait, il a été un petit peu en dessous. Mais après, il a eu le contrôle sur la partie, résume Yannick Bru. Contre Montauban, il a aussi très bien conduit les choses. Sur les matchs, il se passe ce qui se passe, mais nous, ce qui nous plaît, c’est l’implication de Matthieu sur les semaines d’entraînement et le leadership qu’il a développé dans le travail. C’est surtout ça qui m’intéresse. Le match n’est que la conséquence de la préparation dans la semaine. C’est un vrai acteur sur le travail tactique, stratégique et mental. »

Matthieu Jalibert.

Matthieu Jalibert.

Thierry DAVID / SO

Le week-end dernier face à Montauban, le numéro 10 s’est vraiment baladé. Il a apporté le danger (4 franchissements, 9 défenseurs battus), a délivré deux passes décisives, a été impliqué sur six essais, et a inscrit le sien sur un exploit personnel (petit coup de pied par-dessus la défense). Mais il a aussi su rester dans le cadre. « Ce genre de match, c’est parfois un piège. Il faut garder la maîtrise pour pas que ce soit un rugby champagne et décousu et qu’à la sortie, ce soit plus un brouillon qu’un chef-d’œuvre », rappelait Aurélien Cologni, l’entraîneur en charge des attitudes au contact. Jalibert s’est attaché à suivre ce fil conducteur.

Le bon équilibre

« Vu la différence de niveau entre les deux équipes, c’est difficile de juger un joueur sur ce match, tempère Yann Delaigue, ex-international français (20 sélections). Mais face à La Rochelle, il fait un très bon match. Sur ce début de saison, il a l’air en cannes, en confiance et souriant aussi, et ça, ça fait plaisir à voir. Il a l’air assez sûr de son rugby. Il est vraiment dans la continuité de la saison dernière. »

« Il a certainement utilisé cette frustration du Tournoi pour s’accomplir avec son club »

À l’approche de la tournée d’automne, Matthieu Jalibert peut-il être en mesure de remonter dans la hiérarchie des ouvreurs du XV de France, après avoir été déclassé par Fabien Galthié lors du Tournoi des Six-Nations 2025 ? « Autant Romain Ntamack a eu des difficultés en fin de saison dernière, autant il n’y a pas grand-chose à lui reprocher sur ce début de saison, note Yann Delaigue. La bataille entre les deux reste féroce. Mais depuis ce dernier Tournoi, Matthieu a quand même surfé sur de très bonnes périodes, il a été excellent. Ça a dû certainement le piquer au vif et le faire réagir. Les mots de son staff dans son accompagnement psychologique pour le faire performer ont sans doute aussi pesé. Il a certainement utilisé cette frustration du Tournoi pour s’accomplir avec son club. »

Matthieu Jalibert.

Matthieu Jalibert.

Thierry DAVID / SO

Depuis la demi-finale de Champions Cup face au Stade Toulousain en mai dernier, Matthieu Jalibert n’a jamais déçu avec l’UBB. Le premier titre de l’histoire du club décroché à Cardiff n’a fait que renforcer sa détermination. « À l’image de ce qu’on fait depuis maintenant quelques saisons, on a envie de faire partie de ces équipes qui jouent le haut de tableau et qui peuvent aller chercher des titres, expliquait-il en début de saison. Ça nous a donné encore plus faim et on repart sur cette saison avec beaucoup d’ambition et l’envie d’y revenir ».