Des scientifiques ont étudié l’ADN d’une femme décédée à 117 ans. Le but : comprendre comment il est possible de vivre aussi vieux, et s’il y a des individus naturellement « doués » pour cette prouesse. Y aurait-il un élixir de vie à notre portée ?
Maria Branyas Morera est décédée en août 2024 à l’âge canonique de 117 ans. Née à San Francisco en 1907, celle qui fut pendant plus d’un an et demi la doyenne de l’humanité fait partie des humains ayant vécu le plus longtemps de toute l’histoire. En tout cas, parmi ceux dont l’âge a pu être vérifié.
Aujourd’hui, un peu plus d’an après son décès, elle se retrouve pourtant au cœur d’une étude parue dans la revue Cell Reports Medicine. Des chercheurs, en majorité des biologistes issus d’universités espagnoles, y étudient son matériel génétiquematériel génétique pour y trouver, peut-être, le secret de sa longévité.
Une vie presque sans maladie
Dans leur étude, ils ont passé au peigne fin son ADN, mais aussi ses gènes, son sang, sa salive, ainsi que son microbiote intestinal (les microorganismesmicroorganismes vivant dans son système digestif). Leur idée est que si une longue vie est souvent attribuée à une certaine hygiène générale, il y a d’autres facteurs intrinsèques qui peuvent aussi la favoriser sous certaines conditions.
Ainsi, Maria Branyas Morera a eu plusieurs maladies au cours de son existence. Elle a même contracté le Covid-19 en 2020, mais y a survécu. Elle a aussi eu de nombreux signes typiques de l’âge, comme la réduction des télomères, de petites excroissances au bout des chromosomes, ou encore un développement de certains types de globules blancsglobules blancs, les lymphocyteslymphocytes B, fréquents chez les personnes âgées.
En revanche, elle n’a pas eu, ou presque, de réelles maladies liées à l’âge. Des cancerscancers, des maladies cardiaques, des douleursdouleurs fréquentes, etc. Lors de sa prise en charge à cause du Covid-19, elle ne montre aucun trouble de la mémoire, et les médecins qui l’examinent évoquent même des cellules 14 ans plus jeunes que l’âge de son ADN !
Un corps trop jeune pour son âge ?
Cela veut-il dire que la centenaire avait une hygiène de vie irréprochable, du sport régulier, et tout un ensemble de pratiques qui la préservaient des affres de la vieillesse ? Pas forcément.
Les chercheurs ont ainsi identifié des variants génétiques rares qui la protégeaient de maladies liées à l’âge comme les troubles cardiovasculaires et les cancers. De plus, tout comme les médecins avaient trouvé des cellules « plus jeunes », les scientifiques ont ici comparé les prélèvements avec ceux d’individus moins âgés et ont découvert que son microbiotemicrobiote intestinal semblait, lui aussi, avoir bénéficié d’un élixirélixir de jeunesse.
Plus surprenant encore : l’analyse de son ADN a bien montré que l’ensemble de son corps vieillissait moins vite que son âge réel. Ce qui montre qu’il n’y a pas de fatalité, un âge extrêmement avancé ne s’accompagne pas forcément d’une dégénérescence de la santé.
Malgré tout, les auteurs préviennent : cette étude ne se base que sur une seule personne et ne peut pas avoir valeur de généralité. D’autres travaux devraient comparer ces résultats avec davantage d’individus pour avoir une idée précise du rôle que peuvent jouer les bactériesbactéries et les gènes dans la vieillesse.
En revanche, ce type d’étude peut aider au développement de traitements spécifiques à destination des gènes ou du métabolismemétabolisme pour améliorer la prise en charge des maladies liées à l’âge, chez les personnes qui n’ont pas la chance d’avoir une santé aussi bonne et durable que Maria Branyas Morera.