« On a une Formule 1 entre les mains, à nous d’en tirer le meilleur. » Gregory Thibault a le sourire tandis que la vendange arrive dans un chai tout neuf. Nous sommes au château Cantemerle, à Macau, en Gironde, grande propriété couvrant 98 hectares de vigne et qui, après trois ans de lourds travaux, inaugure avec cette récolte 2025 des installations top niveau. Ce que la viticulture peut faire de mieux au niveau technologique pour améliorer les vins et les conditions de travail du personnel tout en réduisant les coûts en eau et électricité).
En trois ans de travaux, tous les bâtiments de la propriété ont été modernisés.
Laurent Theillet / SO
Le directeur technique s’approche de son PC de contrôle, un large écran tactile situé au milieu des 114 cuves en inox de vinification (il y en avait trois fois moins dans l’ancien chai). « Un avion a cartographié la propriété. On connaît tout, du nombre de ceps (756 000) à la vigueur des différentes parcelles, identifiée par des dégradés de couleurs. Chaque micro-terroir sera récolté en fonction de sa maturité propre et vinifié dans sa cuve dédiée, ce qui permettra d’en tirer le meilleur. Je vais ‘‘redécouvrir’’ les sols de Cantemerle », se réjouit celui qui a 20 millésimes derrière lui.
Avec 114 cuves disponibles, Cantemerle pourra vinifier parcelle par parcelle. Un plus pour la qualité.
Laurent Theillet / SO
Le nouveau chai offre une meilleure qualité de travail aux équipes.
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Si la météo nous presse, on pourra rentrer toute la récolte en sept jours
Alors que la récolte tire à sa fin, direction la plateforme de réception des raisins. Désormais abritée, elle comporte des tables de tri dernier cri. « Si, une année, poursuit le technicien, la météo nous presse, on pourra rentrer toute la récolte en sept jours – c’était le double avec nos anciennes installations. C’est un atout qualitatif et un confort de travail énorme. »
Les nouveaux matériels doivent bonifier la qualité des vins.
Laurent Theillet / SO
Moins d’eau
« Tous ces matériels performants amènent de meilleures conditions de travail pour nos 48 employés », poursuit Laure Canu, directrice de Cantemerle, propriété appartenant depuis 1981 à la SMABTP, une mutuelle du bâtiment (1). On est frappé par le silence qui règne dans le cuvier malgré le boom d’activité. L’insonorisation a été travaillée et, grâce à de larges baies vitrées, le personnel peut travailler à la lumière du jour.
Laure Canu est la directrice générale du château Cantemerle depuis 2021.
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Le gaz carbonique – issu de la fermentation – est capté à la sortie des cuves, ce qui sature moins l’air ambiant. Des ampoules logées dans les cuves évitent l’usage de baladeuses. « On est loin des centaines de mètres de tuyaux à tirer entre les cinq chais que nous avions auparavant. Là, tout est regroupé », complète Grégory Thibault. Les surfaces de travail ont été multipliées par cinq. Bâtiments bien isolés, chai à barriques (sous le cuvier) à la température mieux contrôlée, multiples compteurs d’eau pour en maîtriser la consommation, 600 m² de panneaux photovoltaïques sur les toitures et système de géothermie viennent compléter cet outil de travail high-tech.
Toutes les cuves portent un numéro ainsi que leur contenance mesurée en hectolitres.
Laurent Theillet / SO
« Le top niveau, c’est peut-être aussi le plaisir des yeux », sourit la directrice en finissant la visite (2). Salles de dégustation, boutique, château restauré (salons, neuf chambres) et arbres centenaires dans le parc : les chais les plus modernes côtoient l’accueil le plus chaleureux.
(1) Le château Grand Corbin (Saint-Émilion) appartient au même groupe.
(2) La propriété est ouverte à la visite, avec plusieurs formules (à partir de 20 euros).