• Selon une étude d’Airparif, la pollution de l’air en Île-de-France coûte 28 milliards d’euros chaque année notamment en raison des impacts sur la santé.
  • Un coût exorbitant, pourtant diminué par les actions mises en place pour améliorer la qualité de l’air.
  • Entre 2010 et 2019, elles ont permis d’économiser 61 milliards, et coûtent dix fois moins cher que le coût sanitaire du statu quo.

Suivez la couverture complète

Notre planète

Dans le débat sur les zones à faibles (ZFE)  au printemps dernier, dans le cadre d’un projet de loi toujours en cours d’examen et prévoyant de les supprimer, la bataille a opposé pro et anti-écolo, pourtant, la mesure est avant tout sanitaire. Une étude publiée par Airparif vendredi vient le confirmer : le coût sanitaire de la pollution de l’air est élevé, et agir pour améliorer la qualité de l’air coûte moins cher que traiter les pathologies associées à la pollution.

Concrètement, la pollution de l’air en Île-de-France coûte 28 milliards d’euros chaque année. C’est beaucoup : « plus de 2.200 euros par Francilien et par an », calcule l’association de surveillance de la qualité de l’air de la région.

Décès prématurés et maladies

Un chiffre qui s’explique avant tout par les conséquences sanitaires, dont le traitement représente 93% des dépenses en raison des décès prématurés et des maladies liées à cette mauvaise qualité de l’air.

L’étude a balayé les coûts liés aux consultations médicales, aux traitements, aux hospitalisations, aux besoins d’accompagnement, aux aménagements des domiciles, mais aussi les absences au travail qui ont un impact économique sur les entreprises, la baisse de productivité au travail, les retraites anticipées et un accès à l’emploi rendu plus difficile. Le spectre est large. 

En dehors de la santé, les auteurs relèvent aussi des coûts liés à la dégradation des bâtiments et à la perte de rendements agricoles en raison de cette pollution. Mais selon Airparif, ils « sont aujourd’hui largement sous-évalués ne prenant pas en compte l’érosion de la biodiversité, la contribution au changement climatique ou la dépréciation du patrimoine immobilier ». L’association évoque une estimation de 327 millions d’euros par an.

5 milliards de dépenses font économiser 61 milliards d’euros

Enfin, l’évaluation du coût de la pollution prend aussi en compte son traitement : toutes les politiques publiques de réduction du trafic routier, les aides pour changer les modes de chauffage chez les particuliers et dans les entreprises ainsi que les dispositifs de surveillance et d’information.

Mais ces coûts post-pollution sont bien moins élevés que le statu quo. Ainsi, Airparif a calculé que les actions d’amélioration de la qualité de l’air sur les dix années de 2010 à 2019 ont « permis d’éviter un impact économique de 61 milliards d’euros », tout en coûtant dix fois moins cher. 

Concrètement, les politiques publiques pour surveiller la qualité de l’air et l’améliorer ont coûté 5 milliards d’euros et ont donc permis d’économiser 61 milliards d’euros.

« Les politiques publiques de diminution de la pollution sur cette période ont été particulièrement efficientes sur le plan économique », insiste l’association. Ainsi, entre 2010 et 2019, avec la mise en place de mesures spécifiques (restrictions de circulation en période de pics de pollution, mise en place de la ZFE, etc), le nombre de décès prématurés attribuables aux particules fines est passé de 10 350 en 2010 à 6 220 en 2019.

Alors qu’en France l’avenir des ZFE doit encore être tranché par le Parlement, une réglementation européenne, adoptée en 2024, prévoit un renforcement, en 2030, des valeurs limites pour plusieurs polluants afin de mieux protéger la santé des populations. « Une part significative du territoire francilien se situe encore au-dessus de ces futurs seuils », rappelle Airparif. ZFE ou pas ZFE, il faudra donc des outils pour se conformer à la réglementation européenne.

Marianne ENAULT