« Israël s’attend à un tsunami diplomatique », avait annoncé la chaîne privée israélienne i24News à la veille de l’Assemblée générale des Nations unies : de fait, la vague de reconnaissances de l’État de Palestine qui vient d’y déferler constitue, non pour les forces de paix israéliennes, mais pour le gouvernement Netanyahou et tous ses soutiens, un revers de taille.
Désormais, les États-Unis restent le seul des cinq États membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies à continuer à mener son combat d’arrière-garde, tandis que plusieurs de leurs plus proches alliés traditionnels – Canada et Australie, en plus de la Grande-Bretagne – viennent à leur tour de renforcer, au sein de l’Assemblée générale de l’ONU, l’écrasante majorité de pays souhaitant voir l’État de Palestine pouvoir s’établir souverainement à côté de l’État d’Israël, dans des frontières sûres et reconnues telles que prévues par l’ONU depuis 1967.
Le tournant qui vient d’intervenir à l’ONU doit se traduire par un changement d’orientation en Europe.
Que dire de l’Europe, dans ce contexte ? On est loin de ce que fut la Communauté européenne quand, en 1980, ses dirigeants d’alors furent les premiers au monde à affirmer « la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien » (sommet de Venise). Loin aussi de l’accueil fait à Yasser Arafat à Rome, Madrid, Athènes et Paris, après la déclaration d’indépendance de la Palestine en 1988. Après l’échec des accords d’Oslo de 1993 et l’assassinat d’Yitzhak Rabin en 1995, la diplomatie européenne est à l’arrêt. Il faudra attendre 2014 pour qu’un pays de l’UE, la Suède, décide de reconnaître l’État de Palestine.
Ce n’est que très récemment que l’Espagne, l’Irlande et la Slovénie osent, à leur tour, briser le tabou de la « solidarité de la famille occidentale » en cessant enfin d’attendre « le moment opportun » pour franchir le pas. Quant aux pays d’Europe centrale, qui ont « hérité » du régime politique précédent la reconnaissance de l’État de Palestine, ils l’ont purement et simplement oubliée, quand ils ne l’ont pas, de facto, récusée, telle la Hongrie ou la République tchèque.
Concernant la France, son initiative présente est naturellement bienvenue, tout comme l’est la décision de quatre autres pays de l’UE – Belgique, Luxembourg, Portugal et Malte – de lui emboîter le pas. Pour autant, nul n’oubliera le lourd passif de l’Union européenne, prise globalement, France comprise, dans sa politique proche-orientale, faite, depuis un quart de siècle, d’une irresponsable garantie d’impunité totale accordée au pouvoir israélien, quel qu’il fût, et d’une inertie politique délibérée quant aux droits fondamentaux du peuple palestinien – inertie que ne compensent ni l’aide humanitaire effectivement accordée, ni le discours creux sinon hypocrite sur le « ferme attachement de l’Union européenne à la solution à deux États ».
Et maintenant ? Le tournant qui vient d’intervenir à l’ONU doit se traduire par un changement d’orientation en Europe. Puissent les récalcitrants qui se veulent solidaires d’Israël s’inspirer de l’appel de 9 000 Israéliens lancé à la veille de l’Assemblée générale des Nations unies : « Nous sommes opposés à la poursuite de la guerre à Gaza et nous croyons à la paix. Nous appelons les pays du monde entier à reconnaître la Palestine. » 1
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