• Autrefois largement exportatrice de produits agricoles, la France est aujourd’hui obligée d’importer de nombreuses denrées.
  • Notre production de fruits et légumes ou de volailles est en baisse.
  • La production de lait est constante, mais d’ici à sept ans, un éleveur sur deux partira à la retraite.

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Le 20H

Jeffrey Vanhalst, producteur de céréales dans les Yvelines, a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Pour lui, une grande partie du problème tient dans une bouteille, qu’il montre dans le reportage du 20H ci-dessus. Il s’agit d’un pesticide beaucoup moins puissant que celui utilisé par l’ensemble de nos voisins européens, mais interdit en France. « C’est beaucoup moins efficace et on est obligé de passer en pulvérisation deux, trois fois. Ce n’est pas le produit qui coûte cher, mais c’est le passage, le temps de travail », explique le jeune agriculteur de Bazainville au micro de TF1. 

Résultat, son blé français est plus cher que celui produit par nos voisins, et moins compétitif. À cela s’ajoutent des mauvaises récoltes à cause des aléas climatiques, et la fermeture récente de marchés entiers où la France exportait massivement ses céréales. « L’Algérie était un acteur majeur dans nos exportations de céréales. Le contexte géopolitique aujourd’hui fait qu’ils vont chercher du blé ailleurs, venant de la Russie », estime-t-il. 

Compétitivité, crise internationale, aléas climatiques : ces trois causes concourent à expliquer pourquoi l’excédent commercial s’est effondré par rapport à 2024, passant de 4,7 milliards d’euros à quelques centaines de millions sur les 7 premiers mois de l’année. Autrefois garde-manger de l’Europe, et largement exportateur, notre pays pourrait voir cette année la balance commerciale agricole s’inverser. Importer plus qu’exporter constituerait une première depuis 1978. Déjà déficitaire dans ses échanges agricoles avec ses voisins européens, la France pourrait achever 2025 dans le rouge par rapport au reste du monde.

La production française de fruits et légumes ou de volailles est en baisse nette. Celle du lait est constante, mais d’ici à sept ans, un éleveur sur deux partira à la retraite. « On a un véritable enjeu de pouvoir attirer des jeunes, des moins jeunes, des femmes dans nos exportations. Mais on a aussi un véritable enjeu de moderniser nos outils de production », abonde Pascal Le Brun, président du Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière (CNIEL). 

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D’autant plus que la demande de produits laitiers augmente en France : il est désormais impossible de suivre le rythme. Un paradoxe, car il y a moins de 20 ans, les agriculteurs étaient contraints de jeter une partie de leur lait en surproduction. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. La France, pays du beurre par excellence, en importe de plus en plus en provenance du Royaume-Uni ou de la Nouvelle-Zélande. 

La rédaction de TF1info | Reportage : Mathias BERINGER, Guillaume THOREL