La prochaine fois que vous traverserez la place du Château, baissez les yeux. Il s’y trouve une plaque en bronze qui cache un secret bien gardé. Sous vos pieds, un bunker en béton renferme depuis 1995 des bretzels, du vin, des lettres de Strasbourgeois(es) et bien d’autres témoins de notre époque. Imaginé par l’artiste Raymond Émile Waydelich, ce « caveau du futur » ne sera ouvert que le 23 septembre 3790.

L’objectif de cette œuvre artistique est clair : laisser une trace tangible de notre époque aux habitant(e)s du futur. Pas seulement des photos ou des textes jaunis, mais de vrais objets à toucher, à sentir, à manipuler.

Quand on voit à quelle vitesse le monde a changé en seulement 30 ans, on peut imaginer les surprises qui attendront celles et ceux qui ouvriront ce coffre… en 3790 ! 

plaque caveau du futur

plaque caveau du futur

© Tiphaine Rabolt / Pokaa

Un trésor sous nos pieds

Sous la place du Château, 14 tonneaux en plastique bleu hermétiques patientent depuis 1995. À l’intérieur, tout un tas d’objets datant de cette époque.

De quoi manger et trinquer (bretzels, plats gastronomiques sous vide, vins d’Alsace, bières, sodas), de quoi s’amuser (un disque du chansonnier Roger Siffer, un ballon du Racing Club de Strasbourg), de quoi réfléchir (livres saints, documentation historique, Convention européenne des droits de l’homme), et bien sûr beaucoup d’objets du quotidien, comme un ordinateur, des préservatifs, et même des lettres de Strasbourgeois(es). 

plaque caveau du futur © Tiphaine Rabolt / Pokaa

Un portrait à la fois sérieux et décalé de la civilisation strasbourgeoise de la fin du XXᵉ siècle. Si vous êtes curieux/se, vous pouvez visionner la vidéo du jour de l’inauguration disponible sur le site web de l’INA.

Pourquoi cette date d’ouverture ?

La date choisie pour l’ouverture du caveau, le 23 septembre 3790, n’a rien d’un hasard. Elle renvoie directement à l’univers de Mutarotnegra, un livre-album de science-fiction publié par Raymond-Émile Waydelich la même année que l’inauguration de la capsule.

Strasbourg vue d’en haut

Strasbourg vue d’en haut

© Tiphaine Rabolt / Pokaa

Titre mystérieux ? Pas tant que ça : lu à l’envers, Mutarotnegra devient Argentoratum, l’ancien nom romain de Strasbourg.

Dans ce récit, l’action se situe précisément en 3790, après une catastrophe qui pousse les survivant(e)s à fouiller les traces d’un monde disparu. C’est dans cet esprit que l’artiste a souhaité guider les archéologues du futur en constituant une capsule temporelle.

Quand je vois ce que l’on peut déduire et écrire à partir de trois tessons de poterie antique ou d’une seule dent préhistorique trouvée au fond d’un trou, je me dis que tout ce que nous savons de notre passé, de notre vie, a un jour été déterré. Des grottes de Lascaux aux musées archéologiques, tout vient des trous.

Raymond-Émile Waydelich

place du château

cathédrale Strasbourg

plaque caveau du futur

© Tiphaine Rabolt / Pokaa

Raymond-Émile Waydelich est décédé en août 2024, mais son empreinte restera gravée dans la mémoire des Alsacien(ne)s, des visiteurs/ses de passage et même des habitant(e)s du futur, grâce à ce caveau installé au cœur de la place la plus vivante de Strasbourg.

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