Un témoignage glaçant. Le 7 février 2025, Heddy Renaud, représentant de l’association SOS Homophobie dans les Alpes du Sud, a vécu une agression d’une grande violence à Nice. Un guet-apens, bien que non explicitement homophobe dans ses propos, mais qui semble toutefois avoir toutes les caractéristiques d’un acte de haine envers les personnes LGBTQ +, plongeant Heddy dans un traumatisme physique et psychologique profond depuis.
L’agression se déroule après une rencontre sur l’application Grindr. Comme de nombreux utilisateurs de cette plateforme, Heddy échange avec un homme qu’il pensait rencontrer dans le cadre d’une relation saine. Après quelques échanges, un lieu de rendez-vous est fixé vers 15 heures. Cependant, la situation dégénère rapidement quand, une fois sur place, il voit deux individus. Heddy explique : « Lorsque j’ai rejoint l’adresse indiquée, cela m’a mené dans une impasse étroite. » Les choses prennent alors une tournure violente. « L’un des agresseurs, grand et musclé, m’a approché, m’a saisi par le col et m’a plaqué contre un mur, raconte-t-il. Cela a débuté par une demande d’argent, mais rapidement, la situation a dégénéré en violence physique. »
Traumatisme crânien et mâchoire brisée
L’un des agresseurs étrangle Heddy, qui perd connaissance après avoir été frappé à la tête. Ses agresseurs lui dérobent son téléphone portable avant de prendre la fuite. Lors de son réveil, il se trouve dans un état de confusion totale, « n’étant même plus sûr de la ville dans laquelle je me trouvais ». Ce dernier avait subi un traumatisme crânien et sa mâchoire « brisée contre le mur ». Après plusieurs semaines de rééducation physique, Heddy témoigne de l’agression qu’il a subie, mais ses séquelles psychologiques restent, surtout « la peur intense de sortir seul, en particulier la nuit ».
Malgré l’absence de propos homophobes explicites pendant l’acte, le militant souligne que l’intention derrière cette violence demeurait clairement motivée par une haine envers sa sexualité. « C’était une scène irréaliste, de film, explique-t-il. Ce n’était pas juste un vol de portable. » À l’issue de cette agression, une plainte a été déposée le lendemain et une enquête est en cours afin d’identifier et d’appréhender les auteurs.
Une remise en question de l’application Grindr ?
Une attaque qui a immédiatement choqué les membres de SOS Homophobie, pour qui Heddy représente un visage important dans la lutte contre l’homophobie, particulièrement dans les Alpes du Sud. Dans les jours qui ont suivi, l’association a apporté un soutien à Heddy, et de nombreux messages de solidarité ont afflué de la part de personnes, témoins ou victimes d’agressions similaires. « Je remercie toutes les personnes qui m’ont contacté pour me soutenir, confie-t-il. Cela m’a permis de tenir bon et de continuer à me battre. »
Le militantisme d’Heddy, bien qu’entaché par cet événement traumatisant, ne s’est pas arrêté. Au contraire. Cet incident a renforcé sa détermination à continuer la lutte pour les droits des personnes LGBTQ + et à dénoncer les violences qu’elles subissent quotidiennement. « Cela ne m’empêchera pas de poursuivre mon engagement », affirme-t-il.
Heddy n’hésite pas à remettre en cause également la responsabilité de l’application Grindr dans cette affaire. « L’entreprise possède toutes les informations nécessaires pour identifier les agresseurs : adresses e-mail, numéros de téléphone, photos et conversations », se désole-t-il. Pourtant, selon lui, Grindr n’a pas facilité la collaboration pour retrouver les responsables. Heddy a même exprimé sa colère contre le manque de réactivité de la plateforme, qui n’assume pas suffisamment ses responsabilités en matière de sécurité des utilisateurs. « Ils gagnent de l’argent grâce à nous, mais lorsqu’il s’agit de protéger notre sécurité, ils ferment les yeux », ajoute le militant.
Aujourd’hui, Heddy continue d’œuvrer pour la cause LGBTQ +, malgré cette épreuve qu’il traverse. Il est convaincu que des changements peuvent survenir si les gens se mobilisent, qu’il s’agisse de signaler les agressions ou de soutenir les victimes. « Déposer plainte est essentiel, insiste-t-il. Mais il faut aussi savoir que des associations comme SOS Homophobie sont là pour vous écouter et vous aider. » Avant de rappeler le numéro de la ligne d’écoute nationale (01 48 06 42 41), qui reste un recours important pour les victimes de violences homophobes.