Sauf coup de théâtre de dernière minute, les sanctions de l’Onu contre l’Iran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme nucléaire, seront formellement rétablies dans la nuit de samedi à dimanche.
Les négociations sont au point mort. Et pour le président iranien Massoud Pezeshkian, « l’exigence des États-Unis que l’Iran leur remette tout son uranium enrichi en échange d’une prolongation pour trois mois d’une suspension des sanctions » est « inacceptable » . En conséquence, il a rappelé samedi « pour consultations » ses ambassadeurs en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Ces trois pays, du groupe appelé E3, ont déclenché fin août le dispositif snapback, permettant dans un délai de trente jours de rétablir les sanctions levées en 2015, en cas de non-respect du JCPOA (Joint comprehensive plan of action). Ce pacte, conclu à l’époque entre le groupe E3, les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Iran, prévoyait un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions.
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Un stock enrichi « plus de quarante fois » supérieur à la limite
Le 28 août, les trois pays européens ont estimé que le pacte avait été rompu après avoir dressé une liste des engagements violés par l’Iran, en particulier l’accumulation d’un stock total d’uranium enrichi, « plus de quarante fois » supérieur à la limite fixée par le JCPOA.
Des réunions au plus haut niveau se sont multipliées toute la semaine, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu à New York, pour tenter de trouver une solution diplomatique.
Le trio européen a jugé que Téhéran n’avait pas fait de « gestes concrets ». Après avoir suspendu ses relations avec l’agence onusienne à la suite des attaques menées par Israël en juin, l’Iran avait pourtant accepté, début septembre, un nouveau cadre de coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Des inspections de certains sites nucléaires ont même repris cette semaine, selon l’agence.
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Dans ce contexte, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi a estimé vendredi soir que les Européens avaient ignoré les efforts de son pays.
Les Iraniens jugent illégal le processus de rétablissement des sanctions, tout comme la Chine et la Russie qui ont proposé, sans succès, vendredi au Conseil de sécurité de l’Onu, de prolonger de six mois l’accord sur le nucléaire iranien qui expire le 18 octobre.
Une économie exsangue
Concrètement, le snapback prévoit de réenclencher les embargos sur les armes, les équipements nucléaires et les restrictions bancaires levés il y a dix ans. Cela ajoutera « une couche de sanctions multilatérales aux sanctions unilatérales des États-Unis déjà en place », souligne Ali Vaez, directeur du groupe Iran du centre de recherche International Crisis Group. Il estime toutefois s’attendre à « un bras de fer sur leur mise en œuvre, en particulier si la Chine et la Russie qui s’y opposent, tentent de freiner leur exécution bureaucratique » .
En attendant, la population déjà économiquement étranglée subit une inflation annuelle de 30 % à 40 %. Selon Le Monde, un quart des Iraniens vit avec moins de 2 dollars par jour, tandis que le salaire minimum réel a chuté à presque 120 dollars (102 €). Sans oublier la hausse du chômage des jeunes, de plus en plus menaçante pour l’économie et la sécurité du pays.