Le Centre Pompidou de Paris, où repose la plus grande collection d’art moderne et contemporain au monde, a fermé ses portes en début de semaine pour des rénovations qui dureront cinq ans. Son dernier jour s’est déroulé entre émotion des visiteurs et inquiétude autour du vide laissé par ce lieu unique.
Inauguré en 1977 et conçu comme un lieu « ouvert à tous » par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le Centre Pompidou s’était donné pour vocation d’accueillir toutes les formes de cultures. Aussi appelé Beaubourg, il a révolutionné son époque et a conquis un public international.
Mais le musée souffre de vétusté. Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.
Emotion du public
L’émotion était présente à Beaubourg le 22 septembre pour le dernier jour d’ouverture avant cinq ans de silence. « C’est un lieu très généreux où nous avons vu beaucoup de choses », témoigne une visiteuse dans le 19h30 de la RTS. « Je regrette de ne pas en avoir profité davantage. Je vous avoue que j’ai une petite larme intérieure. »
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La dernière exposition était une immense rétrospective du photographe et plasticien allemand Wolfgang Tillmans, présent au Centre Pompidou pour son dernier jour. Son exposition, intitulée « Rien ne nous y préparait − Tout nous y préparait » vise à faire réfléchir sur un monde où rien n’est acquis.
Et les visiteurs, justement, craignent le rideau fermé sur l’esprit Beaubourg: tous les arts, pour tous les publics. « Ayant la carte du lieu, je venais souvent un peu à l’improviste. J’ai eu de très bonnes surprises », indique un autre visiteur.
Trois jours après la fermeture du Centre Pompidou, le parvis est désert. [Hans Lucas via AFP – Eric Broncard] 120’000 œuvres déménagées
Le monument, qui a accueilli cinq millions de visiteurs en 2024, s’étend sur neuf niveaux accessibles au public par escalators. Dans les étages, déjà fermés au public, les salles d’expositions permanentes sont vides, certaines plongées dans le noir.
Quelques escabeaux et aspirateurs de chantier parsèment désormais le plus important musée d’art moderne au monde, avec le MoMA à New York.
Pour faire peau neuve, il a fallu déménager pas moins de 120’000 œuvres, des pièces parfois monumentales comme le Mur de l’atelier d’André Breton, mis en caisse il y a quelques mois. Une équipe technique a répertorié sur place l’état de chaque élément et au besoin les a restaurés.
Anne Horvath, commissaire de l’exposition « Un dimanche sans fin », devant le Mur de l’atelier d’André Breton, au Centre Pompidou-Metz. [RTS] Le Mur Breton déménagé à Metz
Le Mur Breton a trouvé une deuxième vie au Centre Pompidou-Metz, où l’œuvre vient d’être remontée. Le père du surréalisme a créé cette composition pendant 40 ans. « Le Mur Breton, c’est 255 objets individuels avec chacun sa particularité », explique Anne Horvath, commissaire de l’exposition « Un dimanche sans fin » au Centre Pompidou-Metz.
« C’est toute une diversité d’objets, de matériaux dont il faut s’occuper au même moment et garantir des conditions optimales de présentation et de conservation », poursuit-elle. La fermeture de Beaubourg signe donc la fin d’une ère à Paris, mais le début d’une histoire à Metz.
Du 22 au 25 octobre, le Centre Pompidou rouvrira exceptionnellement pour trois jours de fête, avec notamment Christine and the Queens, Catherine Ringer, Selah Sue et un feu d’artifice en plein jour.
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Sujet TV: Adeline Percept
Adaptation web: Emilie Délétroz avec afp