Ce samedi 27 septembre, lors d’une conférence organisée par le CHU de Martinique au Gros-Morne, la municipalité a annoncé un projet inédit : la création d’un serpentarium dans la commune.

Le Bothrops lanceolatus, ou trigonocéphale, est le seul serpent venimeux de Martinique. Présent sur l’île depuis plus de 4,2 millions d’années, il reste à la fois redouté et protégé.

Alors que le nombre de morsure est en hausse, une conférence sur le thème de la morsure de ce serpent avait lieu ce samedi 27 septembre, au Gros-Morne.

Objectif : sensibiliser la population sur l’envenimation par morsure de serpent et l’informer sur les actualités en terme de traitements.

Conférence sur le thème « les morsures de serpent par Bothrops Lanceolatus en Martinique », au Gros Morne, samedi 27 septembre.

©Ronan Bonnec

C’est dans ce contexte que la municipalité du Gros-Morne a annoncé l’implantation du tout premier serpentarium de l’île dans la commune.

Un serpentorium est un lieu spécialisé, consacré aux serpents. Avec ce projet, la commune du Gros-Morne adopte à la fois une posture scientifique (produire du sérum) et pédagogique (informer la population sur le trigonocéphale).

Yolande Burac, conseillère municipale chargée de la santé et du bien-être, en précise les contours :

Nous avons un objectif d’implanter sur le territoire un serpentarium, qui nous permettrait de fabriquer nous-mêmes notre sérum anti-venin. Ce serait bénéfique pour les Martiniquais, mais aussi pour toute la Caraïbe.

Yolande Burac conseillère municipale chargé de la politique santé, bien être et cadre de vie au Gros Morne

Aujourd’hui, le sérum Bothrofav est disponible au CHU, mais il reste importé. Un serpentarium offrirait davantage d’autonomie et renforcerait la recherche autour de cette espèce unique au monde.

Si le trigonocéphale est protégé par la loi, il continue d’inquiéter les Martiniquais. Et pour cause, sa morsure peut provoquer de graves complications médicales.

« Il faut le connaître, mais il faut savoir vivre avec », insiste Yolande Burac. Les spécialistes notent d’ailleurs que les serpents se rapprochent de plus en plus des habitations, parfois transportés involontairement sous le capot d’une voiture ou profitant du courant des rivières.

Le professeur Dabor Resiere, chef de service de toxicologie clinique au CHU de Martinique, rappelle néanmoins que la prise en charge s’est considérablement améliorée.

On n’a pas eu de décès depuis plus de 20 ans. Mais les morsures augmentent : nous étions à 25-30 cas par an, nous sommes désormais à 40-45.

Professeur Dabor Resiere, médecin en réanimation au CHUM et chef de service de toxicologie clinique

Au-delà de l’annonce du serpentarium, la conférence a été l’occasion de rappeler les bons réflexes à adopter : appeler immédiatement le 15, immobiliser le membre touché et éviter toute incision, succion ou garrot.

Des mesures simples peuvent aussi limiter les risques autour des maisons : éviter les broussailles, protéger les aliments des rongeurs, ou encore surélever les lits. En randonnée, bottes, pantalons longs et vigilance restent de mise.

« Il faut craindre la morsure, car le trigonocéphale est très venimeux, en l’absence de soin on peut mourir. C’est pourquoi on fait ce genre de rencontre, pour informer, éduquer et protéger », conclut le professeur Resiere.