Il est le « candidat de la société civile », mais pas de n’importe laquelle. Officiellement dans la course pour la mairie de Lyon après son premier meeting ce vendredi, sans étiquette mais soutenu par Les Républicains et Renaissance, Jean-Michel Aulas a en effet passé près de quarante ans à la tête de l’Olympique lyonnais (OL) et occupe désormais les fonctions de vice-président de la Fédération française de football (FFF), à la tête de la ligue féminine.
Et l’intéressé souhaite bien rester à la direction du football français, qu’importent les élections. Avant sa candidature, dans un entretien à L’Équipe début septembre, le millionnaire de 76 ans affirmait déjà : « Élu ou pas élu, je tiens à garder mes fonctions », assurant par ailleurs qu’il n’y avait pas d’incompatibilités à cumuler ces hauts postes. Mais, dans les faits, Jean-Michel Aulas va-t-il vers un conflit d’intérêts ?
Le Conseil national de l’éthique de la FFF a bien donné son avis la semaine dernière, sur demande de l’intéressé. Le cumul, « s’il est juridiquement autorisé, doit être assorti de règles de conduite permettant de satisfaire l’éthique, la déontologie et de respecter la loi pénale », a annoncé l’instance dans un communiqué, « considérant qu’il n’existe pas d’incompatibilité sans texte la prévoyant expressément ».
Des règles ont alors été notifiées à Jean-Michel Aulas, qu’il applique pour l’instant partiellement. Exemple : « Il s’abstiendra, sur ses réseaux sociaux (…) de mentionner ses fonctions à la FFF », peut-on lire. Mais Jean-Michel Aulas a annoncé sur X et Instagram sa candidature et mentionne toujours ce samedi en biographie sur ces deux réseaux son poste à la FFF, comme nous l’avons constaté.
Aucune « promesse électorale » footballistique
Deuxième exemple, à suivre cette fois : « Il s’abstiendra de toute promesse électorale en lien avec le football », peut-on lire. C’est presque mission impossible tant l’équipe féminine de l’OL – qu’il a dirigée et qui est dans son champ d’action à la FFF – est un sujet central dans la capitale des Gaules. C’est l’équipe la plus titrée à travers la France et l’Europe, avec 8 victoires en Ligue des champions et 18 en Championnat.
Plus tard, s’il est élu à la tête de Lyon, Jean-Michel Aulas devra aussi se déporter de toute discussion ou décision concernant le football. Et de toute discussion ou décision concernant « la ville de Lyon, l’Olympique lyonnais ou tout autre club de l’agglomération lyonnaise » quand il occupera ses fonctions à la FFF dans le même temps. Ou encore : ne pas utiliser les ressources d’un poste pour l’autre, et inversement.
Reste à savoir si, dans la campagne électorale qui s’annonce pour la troisième ville de France actuellement détenue par l’écologiste Grégory Doucet, Jean-Michel Aulas réussira à s’abstenir d’aborder le futur du football lyonnais. Ou si, en cas d’issue victorieuse dans ce match politique, il arrivera à éviter les conflits d’intérêts entre football et mairie. L’exercice s’annonce en réalité plus que périlleux, tant le septuagénaire a le ballon rond chevillé aux pieds.