Dans les pages du JDD, Nicolas Sarkozy n’espère « en aucun cas » être gracié, souhaitant plutôt que son « honnêteté » soit reconnue.

FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

Dans les pages du JDD, Nicolas Sarkozy n’espère « en aucun cas » être gracié, souhaitant plutôt que son « honnêteté » soit reconnue.

POLITIQUE – Si Nicolas Sarkozy n’a sans doute pas obtenu le soutien qu’il espérait de la part du ministre de la Justice, il a lui-même assuré sa propre défense ce samedi 27 septembre. Et malgré la condamnation à 5 ans de prison qui a été décidée par le tribunal correctionnel de Paris dans le tentaculaire dossier libyen, il se dit « serein ».

L’ancien chef de l’État, condamné jeudi pour association de malfaiteur avec mandat de dépôt et exécution provisoire, a profité d’une interview dans les colonnes du Journal du dimanche pour contre-attaquer à sa manière. Jugeant que sa condamnation « viole l’État de droit ».

Accordée vendredi après-midi, au lendemain du jugement, cette interview permet surtout à Nicolas Sarkozy de s’en prendre à « une condamnation aussi injuste qu’infamante » et qui prouve, selon lui, « que toute l’accusation s’est effondrée ».

« Depuis 12 ans, on nous rabâche “l’affaire du financement libyen de la campagne Sarkozy”. C’est maintenant reconnu, ce n’était en réalité qu’une fable, un mensonge, une calomnie », juge-t-il. « Il n’y a plus de “pacte de corruption” avec Kadhafi, il n’y a plus d’argent libyen dans ma campagne. Ce n’est pas rien. »

Révolté par l’association de malfaiteurs

L’ancien locataire de l’Élysée va encore plus loin en estimant que la base du dossier − un document publié par Mediapart − ne tient plus, car considéré comme un « faux » par le tribunal correctionnel de Paris. Pour autant, il refuse d’attaquer en justice le journal d’investigation qui « voulait mettre un terme à (s)a carrière politique ». « Mon combat n’est pas un combat contre Mediapart, dont je me moque. Mon combat je le mène pour l’État de droit », affirme-t-il.

« Dans un monde normal, c’est l’ensemble de l’accusation qui aurait dû s’écrouler. Or le tribunal a fait exactement le contraire. Je rappelle que j’ai perdu la présidentielle de 2012 de très peu. Le faux de Mediapart y a joué un grand rôle. Qui réparera cette injustice ? », clame-t-il encore.

Autre point de blocage pour Nicolas Sarkozy : la « soi-disant “association de malfaiteurs”, rajoutée in extremis par les juges d’instruction à la toute fin de l’enquête ». « Même cette soi-disant association de malfaiteurs ne tient pas, car elle repose sur une simple hypothèse du tribunal, qui n’est étayée par aucun début de commencement de preuve », estime l’homme de 70 ans.

« Je suis donc condamné parce que le tribunal estime possible, sans pouvoir à aucun moment le prouver, que j’aurais pu laisser deux de mes collaborateurs envisager d’obtenir un financement illégal, c’est-à-dire commettre deux délits pour lesquels, par ailleurs, je suis relaxé ! C’est incohérent et contraire au simple bon sens »

« Je m’attendais à tout, mais pas à cela »

Continuant de clamer son innocence, Nicolas Sarkozy affirme ne pas être affecté et ne pas avoir été surpris par sa lourde condamnation. « Depuis 12 ans, dans ce dossier, j’ai appris à m’attendre à tout. »

Sauf peut-être l’exécution provisoire, qui l’envoi en prison avant l’étude de son appel. « Je m’attendais à tout, mais pas à cela, je le reconnais », confie-t-il au JDD. « C’est allé encore plus loin que ce que je pouvais imaginer. Toutes les limites de l’État de droit ont été violées. C’est tellement invraisemblable. Même dans ses réquisitions pourtant violentes, le Parquet national financier ne l’avait pas demandé ! »

Sujet de discussion souvent revenu sur la table ces derniers jours, le passé de la présidente du tribunal, qui avait appelé à voter contre lui dans le passé. Interrogé sur le sujet, il estime que désigner un autre juge « aurait été préférable sans doute ». « Le simple fait que vous me posiez la question montre qu’il y a bien un problème », répond également l’ancien président sur l’hypothèse d’une « partialité » de cette juge, qui subit ces derniers jours de violentes menaces, condamnées ce samedi par le ministre de la Justice.

Enfin, Nicolas Sarkozy balaye l’idée d’une grâce accordée par l’actuel locataire de l’Élysée, Une grâce d’ailleurs demandée par certains responsables politiques de droite. « Pour être gracié, il faut accepter sa peine, et donc reconnaître sa culpabilité. Jamais je ne reconnaîtrai ma culpabilité pour quelque chose que je n’ai pas fait », affirme-t-il, souhaitant se battre jusqu’à « (son) dernier souffle pour faire reconnaître (s)on honnêteté ».