Posted On 28 septembre 2025
Désignée candidate des Verts dimanche dernier, Laurence Ruffin a donné sa première conférence de presse cette semaine au « Café Foch » (Boulevard Foch) pour tenter de gommer l’image désastreuse d’une primaire catastrophique, marquée par la dénonciation des « pressions » du Maire par son adjointe Lucille Lheureux, un retour de flamme médiatique des accusations de combine de rétrocessions d’argent au black entre Eric Piolle et Elisa Martin, et de nouvelles révélations explosives de Médiapart sur ce qui pourrait bien être une nouvelle affaire financière des Verts.
Voilà dans quel contexte Laurence Ruffin lance sa campagne.
LA TRÈS AISÉE LAURENCE RUFFIN PROMET LA « PARITÉ SOCIALE »…
Cette conférence a été l’occasion de découvrir sa deuxième grande promesse (la 1ère était de n’être candidate que si elle rassemblait toute la gauche, elle l’a déjà renié puisque LFI et le PS se présentent contre les Verts) : celle d’une liste qui fasse la part belle à la « parité sociale ». Eve Moulinier du Dauphiné Libéré met les deux pieds dans le plat et l’interroge : « est-ce qu’il y aura moins de “bobos” et davantage d’ouvriers dans votre future équipe ? ». Pas gagné vu le profil de Marie-Chantal bourgeoise de la tête de liste…
Au lendemain de la « victoire » de Ruffin, Ici Isère (plus que conciliant avec les Vertset de moins en moins discrètement) a couvert une première conférence de presse des partis qui soutiennent Ruffin. Admirez l’ambiance et l’impression de renouveau qui se dégage, avec notamment le vieux pilier du système vert/rouge local Vincent Comparat !
… MAIS NE S’ENTOURE QUE DE VIEUX POLITICIENS
« Pour arriver à la parité sociale sur notre liste, on a encore du travail » concède Laurence Ruffin. C’est le moins qu’on puisse dire puisque pour sa première conférence de presse elle n’était entourée… que de représentants de partis politiques. Elle a beau tenter de mettre le mot (désormais dévoyé) « citoyen » à toutes les sauces, elle ne représente qu’un entre-soi politicien.
Capture d’écran Place Gre’net. Nouvelle conférence de presse, toujours cornaquée par les partis et flanquée des adjoints au Maire proches du système. L’ADES disparait de la photo : les représentants de l’officine qui tire les ficelles font trop vieux ?
Les profils présents autour d’elle parlent d’eux-mêmes : Antoine Back (L’après, branche sécessionniste de LFI), Chloé Pantel (Génération-s), Kheira Capdepon (faux « Réseau Citoyen », hébergé chez l’ex adjoint Fabien Malbet, organisateur de la manifestation contre Alain Carignon le 19/09), Isabelle Peters (PCF), Margot Belair (Verts), Sandra Krief (parti animaliste), tous adjoints au Maire actuels, flanqués d’Ali Karakiprik (secrétaire régional des Verts). Pour les vrais « citoyens » on repassera : il n’y a que des routards professionnels de la politique.
CEUX QUI PARLENT, ET CEUX QUI FONT
L’objectif de Laurence Ruffin avec cette « parité sociale » est « que la gauche ne s’éloigne pas des gens ni de leurs préoccupations ». Elle admet en creux que son camp politique en est très loin : concédons lui au moins une forme de lucidité. Il y a finalement ceux qui ont besoin de parler de « parité sociale » parce que leur entre-soi bobo politicien en est à des années lumières. Et ceux qui n’ont pas besoin d’en faire une conférence de presse, parce qu’ils la réalisent : le collectif « Réconcilier Grenoble » autour d’Alain Carignon est lui constitué de grenobloises et grenoblois de tout âge, tout quartier, toutes origines, toutes classes sociales. Et sans aucune logique d’étiquettes ou de partis.
Pendant ce temps, des Grenoblois de tous horizons rassemblés avec Alain Carignon
FAIRE DU PIOLLE OU NE PAS FAIRE DU PIOLLE…
Pour le reste, rien de nouveau sous le soleil : le média Place Gre’net, dans une formule type « le changement dans la continuité », résume tout le problème Ruffin en écrivant qu’elle « entend conjuguer héritage et renouveau ». S’affranchir de l’image de Piolle tout en faisant comme lui, ce qu’un stratège Piolliste résumait ainsi il y a quelques mois : « il va y avoir une rupture d’incarnation, mais pas de rupture de ligne ».
… LAURENCE RUFFIN A CHOISI
En réalité, il n’y a rupture sur rien. Sur la forme, on retrouve le copié-collé de Piolle. Ruffin présente à nouveau son parcours à la presse, son expérience de cadre d’entreprise mais sa fibre évidemment sociale et écolo, comme l’avait fait avant elle l’ex cadre d’HP au même profil bobo en 2014. Elle promet même une campagne « joyeuse » (voeu d’autant plus fantasmé qu’elle démarre dans le pugilat et les larmes au sein de son propre camp), soit exactement ce que son prédécesseur faisait il y a 10 ans…
La « campagne joyeuse »…
SUR LE FOND, RIEN DE CONCRET…
Sur le fond, Laurence Ruffin continue de flotter à des hauteurs stratosphériques, incapable de rentrer dans le détail des propositions. Elle déclare vouloir « mettre la coopération au centre du projet pour la ville » et « faire avec les gens ». Piolle promettait pareil, on a vu ce qu’il en a été avec des décisions imposées et un autoritarisme ravageur. Elle revendique aussi « une ville qui mène des politiques courageuses » et la santé comme « boussole ». Et concrètement ?
… SI CE N’EST LA POURSUITE DE LA TRAJECTOIRE PIOLLE
Mais au milieu de ce gloubi-boulga insipide, Ruffin confirme qu’elle ne fera rien d’autre que suivre la trajectoire qu’a fait emprunter Piolle à notre ville. Place Gre’net relève qu’elle reparle de la promesse d’atteindre « 30 % de logement social à la fin du mandat ». Soit 5000 HLM supplémentaires qui aggraveraient non seulement la paupérisation de la ville (donc la désertification de l’offre de services et commerces), mais aussi le réchauffement de la ville et le désastre écologique de la bétonisation.
C’est cette trajectoire que Laurence Ruffin entend continuer d’aggraver avec sa politique d’urbanisme, dans la lignée de Piolle qui nous a fait devenir en 2022 1ère ville de France avec Paris pour les ilots de chaleur
LAURENCE RUFFIN COPIE MOT POUR MOT… ALAIN CARIGNON
Elle démontre également qu’elle ne sait plus où donner de la tête et n’a aucune idée claire, tâtonnant complètement… jusqu’à reprendre mot pour mot les propos d’Alain Carignon ! Elle explique dans une vidéo du Dauphiné en marge de la conférence de presse qu’il faut « apaiser la ville, se réconcilier, faire autrement ». Voilà des mois que le candidat aux municipales développe les grands axes de ses propositions pour « véritablement apaiser la ville », appelle à « faire autrement » sur le fond et sur la forme, et présente les membres du collectif qui l’accompagne intitulé… « Réconcilier Grenoble ».
L’EXPÉRIENCE DE GRENOBLE PLUS PERTINENTE QUE LES VOYAGES DE RUFFIN…
Que ce soit fait en conscience ou pas, le fait que Ruffin reprenne ainsi les propos d’Alain Carignon confirme que c’est ce-dernier qui rythme la campagne des municipales. Rien d’étonnant puisque il est le seul à avoir mené un travail de terrain, au contact des grenoblois quotidiennement toutes ces années. Travail qui lui offre la meilleure connaissance des maux de la ville, sur lesquels il pose les mots justes, contraignant ses adversaires en mal d’inspiration à tenter de le suivre dans les idées qu’il développe. L’expérience du réel à Grenoble confère en effet un énorme temps d’avance sur celle d’une Marie-Chantal internationale déconnectée…
LAURENCE RUFFIN NE RALLUMERA PAS LA FLAMME
Si les Verts ont su saisir l’ère du temps en 2014, le souffle est définitivement retombé pour eux et ce n’est pas Laurence Ruffin qui parviendra à le rallumer. Elle est condamnée à bricoler difficilement, sans ligne directrice claire, tiraillée entre l’incarnation de la poursuite des années Piolle et la tentative de s’en émanciper, capitaine d’un rafiot sur lequel n’embarquent que des élus et apparatchiks usés jusqu’à la moelle. Leur entrée en campagne crispée augure d’un long chemin de croix pour eux. Et on ne va pas les plaindre.