Par
Fabien Massin
Publié le
28 sept. 2025 à 8h44
En cette fin du mois de septembre 2025, des QR code sont apparus sur des statues de Rouen (Seine-Maritime) : statue de Corneille devant le Théâtre des arts, celle de Flaubert place des Carmes ou encore buste de Maupassant dans le square Verdrel. Pourquoi ont-ils été posés là et vers quoi renvoient ils ?
La réponse est à trouver du côté d’une association, N.E.C.T.A.R (nouvelles expériences créatives technologiques artistiques réflexives), à l’origine de cette installation. Un organisme tout jeune créé cette année.
Moins de 5 % des statues réprésentent une femme
« À travers des ateliers créatifs et des actions de médiation culturelles, l’association souhaite rendre l’art numérique et interactif accessible à tous, tout en proposant une réflexion critique sur les usages numériques », présente Charles, l’un des membres.
L’installation des QR codes, disposés sur des planches posées sur ou à côté d’une statue, est une réponse à l’appel à projets lancé par l’association HF + *, dans le cadre des Journées du patrimoine/matrimoine.
« Lorsque nous avons appris que moins de 5 % des bustes patrimoniaux rouennais représentaient des femmes, l’envie a été de s’immiscer dans l’espace public pour inciter les politiques à agir afin de rééquilibrer la parité à l’égard de notre héritage culturel commun », explique Charles. »
« Nous avons disposé des QR codes à côté de plusieurs sculptures qui permettent, en les flashant avec son téléphone, de faire apparaitre les bustes de Germaine Beaumont, Catherine Bernard, Madelaine Deries, Julia Euvrie, et d’autres normandes dont le parcours de vie a marqué l’histoire nationale. »
Des figures « nouvelles » à découvrir
Ces femmes, l’association les appelle les « Nouvelles figures ». Lorsque l’on scanne un QR code, un extrait sonore présentant la figure féminine est enclenché, et des images en réalité augmentée apparaissent. Après l’installation de ces QR codes — qui vont être retirés sous peu —, l’association aimerait poursuivre cette action auprès des MJC, des écoles et des tiers lieux culturels de la région.
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« Et dans l’idéal nous aimerions voir fleurir d’autres » Nouvelles figures « virtuelles jusqu’à pouvoir un jour les contempler dans toute leur matérialité », espère Charles.
• Un exemple de QR code :
Scannez ce QR code en utilisant l’appareil photo de votre smartphone. (©Association NECTAR)Qui sont les « Nouvelles figures »
• Catherine Bernard, née à Rouen en 1663, fut une poétesse, romancière et dramaturge française. Première femme dont une tragédie fut jouée à la Comédie-Française, elle s’imposa dans un milieu littéraire dominé par les hommes.
• Germaine Battendier dite Germaine Beaumont, née à Petit-Couronne en 1890, fut une autrice et journaliste qui a su imposer sa voix dans un univers littéraire et médiatique largement dominé par les hommes.
• Catherine Dior, née le 2 août 1917 à Granville dans la Manche, fut bien plus que la sœur du couturier Christian Dior. Résistante courageuse au sein du réseau F2, elle transmit des renseignements, risqua sa vie pour la liberté et survécut à la déportation.
• Julia Euvrie, née à Cherbourg en 1849, s’engagea à vingt-deux ans dans la Commune de Paris. Ambulancière auprès des blessés, elle prit part aux luttes populaires, fut arrêtée et emprisonnée sept ans.
• Madeleine Deries, née en 1895 à Saint-Lô, fut la première femme française à obtenir un doctorat lettres à la Sorbonne en histoire. Elle plaide pour la reconnaissance de la femme dans la sphère intellectuelle.
• Suzanne Duchamp, née à Blainville-Crevon en Normandie en 1889, fut une artiste et figure du mouvement dada. Elle a refusé de n’être que « la sœur de Marcel Duchamp ».
La statue de Gustave Flaubert place des Carmes à Rouen (Seine-Maritime). (©FM/76actu)
Buste de Guy de Maupassant dans le square Verdrel. (©FM/76actu)
*« Constituée en avril 2011 à l’échelle de la région Normandie, l’association HF + Normandie a pour but le repérage des inégalités entre les femmes et les hommes dans le milieu des arts et de la culture et la mobilisation contre les discriminations observées dans le but de favoriser l’égalité réelle et la parité », peut-on lire sur son site internet.
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