Une interview chez Bolloré pour défendre sa probité. Nicolas Sarkozy affirme dans le Journal du dimanche du jour qu’il n’espère «en aucun cas» être gracié après sa condamnation dans l’affaire dite du financement libyen, qu’il attribue à «un complot». Et redit qu’il se battra jusqu’à son «dernier souffle pour faire reconnaître» son «honnêteté».
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné jeudi 25 septembre l’ancien président à cinq ans de prison avec incarcération prochaine pour avoir «laissé ses plus proches» collaborateurs démarcher la Libye de Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007.
Comme le Journal du dimanche lui demande s’il espère une grâce d’Emmanuel Macron, l’ex-chef de l’Etat répond : «Pour être gracié, il faut accepter sa peine, et donc reconnaître sa culpabilité. Jamais je ne reconnaîtrai ma culpabilité pour quelque chose que je n’ai pas fait. Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour faire reconnaître mon honnêteté», avant de conclure d’un «je vaincrai». La grâce ne s’applique de toute façon qu’à une condamnation définitive et exécutoire, et n’est donc pas envisageable pour l’instant, Nicolas Sarkozy ayant fait appel du jugement.
Dans cet entretien fleuve, il cite les mots de la présidente du tribunal à propos du document publié par le site d’information Mediapart en 2012 à l’origine de la procédure – une note en arabe sur un accord pour appuyer la campagne du candidat à l’Elysée. Selon la magistrate, «le plus probable est que ce document soit un faux». «S’il y a un faux, c’est qu’il y a eu des faussaires, des manipulateurs et donc un complot», estime Nicolas Sarkozy. «Dans un monde normal, c’est l’ensemble de l’accusation qui aurait dû s’écrouler. Or le tribunal a fait exactement le contraire. Je rappelle que j’ai perdu la présidentielle de 2012 de très peu. Le faux de Mediapart y a joué un grand rôle. Qui réparera cette injustice ?»
Interrogé sur l’exécution provisoire dont est assortie sa peine de cinq ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt à effet différé, Nicolas Sarkozy indique qu’il s’attendait «à tout, mais pas à cela» : «Toutes les limites de l’Etat de droit ont été violées. C’est tellement invraisemblable. Même dans ses réquisitions pourtant violentes, le [Parquet national financier] ne l’avait pas demandé !»
En attendant, l’ancien chef de l’Etat reste libre et était présent au Parc des Princes samedi soir pour assister au match PSG-Auxerre, où il a été vu dans les tribunes adressant des gestes de salut au public. Nicolas Sarkozy a été convoqué le 13 octobre par le PNF, qui lui indiquera alors à quelle date il sera incarcéré, probablement dans un «délai relativement proche» selon une source judiciaire.