Les élections municipales du printemps 1945 constituèrent la première occasion pour les femmes françaises d’exercer le droit de vote, acquis l’année précédente. Mais en raison des combats tardifs qui ont frappé les contrées de l’Est, les élections municipales furent décalées à l’automne dans les deux départements alsaciens, ainsi qu’en Moselle et dans le Territoire de Belfort. C’était il y a 80 ans exactement, les 23 et 30 septembre 1945, en même temps que les élections cantonales.
Le droit de vote est aussi le droit d’être élue. Et en la matière, la marche vers la parité a été très longue. En 1945, sur les quelque 12 000 conseillers municipaux alsaciens élus, une poignée seulement sont des femmes. Il y a notamment trois élues au conseil municipal de Strasbourg, M mes Fath, Daul et Diebold, et une à Neuwiller-lès-Saverne, Marthe Boulay.
En 1946, la Mulhousienne Marie-Louise Weber (MRP) est la première femme alsacienne députée. Élue conseillère municipale en 1949, elle sera adjointe au maire à partir de 1953.
Les élections de 1965 voient entrer dans les conseils municipaux alsaciens 20 femmes dans le Bas-Rhin soit un taux de féminisation de 0,27 % ) et 24 dans le Haut-Rhin (0,45 %). C’est très peu et l’Alsace est d’ailleurs très largement sous la moyenne nationale, qui n’est que de 2,3 %.
La progression est lente. Six ans plus tard, 65 femmes alsaciennes sont élues conseillères municipales et il faut attendre l’année suivante pour voir, pour la première fois en Alsace, une femme accéder à la fonction de maire. C’est Alice Leissner, à Mutzig. Elle succède en 1972 à son mari décédé en cours de mandat.
Le lent chemin vers la parité
En 1986, la Strasbourgeoise Catherine Trautmann (PS) devient la première députée du Bas-Rhin et en 1989 la première maire d’une ville française de plus de 100 000 habitants, à Strasbourg. Cette année-là, elles sont 14 femmes élues premières magistrates en Alsace, dont une maire déléguée, Alice Morel, élue en 1977 et toujours en fonction aujourd’hui à Bellefosse. Le chemin vers la parité en politique est très lent en général et en Alsace en particulier, on le voit.
La première conseillère départementale est élue en 1992, il s’agit de Fabienne Keller (UDF) dans le Bas-Rhin. En 2004 sont élues les premières sénatrices alsaciennes : Fabienne Keller et Esther Sittler (UMP) dans le Bas-Rhin, Patricia Schillinger (PS) dans le Haut-Rhin. En 2017, Brigitte Klinkert (LR) est la première femme à la tête d’un conseil général alsacien.
Pour en revenir aux communes, en 2014, 10 % seulement des maires alsaciens sont des femmes. C’est sept points en dessous de la moyenne nationale, mais la proportion de femmes dans les conseils municipaux n’a cessé de progresser à la faveur des lois instaurant la parité. À l’issue des élections de 2020, il y a 138 femmes maires et 42 % de conseillères municipales ; une moyenne qui tombe sous les 39 % avec les communes de moins de 1 000 habitants.
Mais la loi impose désormais la parité aux petites communes également dès les élections de l’année prochaine. Les conseils municipaux seront dès lors paritaires de façon quasi parfaite, 81 ans après la première participation des femmes aux élections municipales.