Déclin démographique –
L’Europe fait face à une crise des naissances sans précédent
Dans presque toutes les régions du continent, le nombre de décès dépasse celui des naissances. Où se situe la Suisse en comparaison européenne?
Publié: 26.09.2025, 10h36
La plupart des régions européennes enregistrent plus de décès que de naissances. Dans ces zones, le solde naturel – c’est-à-dire la différence entre naissances et décès – est négatif. On parle alors d’accroissement négatif de la population.
Cette évolution démographique, liée à une baisse du taux de natalité et au vieillissement de la population, représente un défi majeur pour le Vieux-Continent. Les coûts des retraites et des soins aux personnes âgées explosent et la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir. En Suisse aussi, le nombre de personnes en âge de travailler va diminuer face à une population de retraités toujours plus importante.
Depuis 2012, la population de l’Union européenne (UE) diminuerait sans apport migratoire. Cette tendance s’est encore accentuée ces dernières années. L’an dernier, l’UE a enregistré 1,26 million de décès de plus que de naissances. Seule l’année 2022, marquée par la pandémie de Covid, a affiché un déficit plus important. En 2024, on a compté quatre décès pour trois naissances.
L’Italie perdrait la moitié de sa population sans immigration
Les pays qui enregistrent la plus forte baisse démographique se trouvent surtout en Europe de l’Est et du Sud. Les plus touchés sont la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie et la Grèce. Le solde naturel est également en forte baisse en Italie, en Roumanie, en Estonie, en Hongrie, en Pologne et en Serbie.
La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a fait de la lutte contre l’immigration l’une de ses priorités. Son pays a pourtant l’un des taux de natalité les plus bas d’Europe. Sans immigration, la population diminuerait de plus de moitié d’ici à la fin du siècle.
Seuls quelques pays d’Europe de l’Ouest et du Nord affichent encore un solde naturel positif, mais leur nombre diminue d’année en année. C’est le cas de petits États comme le Luxembourg, Chypre, Malte, l’Islande, l’Albanie ou le Monténégro, mais aussi de plus grands pays comme l’Irlande, la Norvège, la Suède et la France.
On observe également des différences régionales à l’intérieur de chaque pays. En Suisse, des cantons comme Zurich, Fribourg, Vaud ou Genève enregistrent un solde positif, en raison d’une population relativement jeune et d’une proportion plus élevée de femmes en âge d’avoir des enfants. Cette tendance s’explique surtout par la forte immigration.
À l’inverse, les cantons de Berne, des Grisons, de Bâle et du Tessin ont une population plus âgée, ce qui entraîne moins de naissances et davantage de décès.
Si la population européenne augmente encore légèrement aujourd’hui, c’est uniquement grâce à l’immigration. Cependant, les flux migratoires actuels ne suffiront pas à pas à maintenir la population européenne à un niveau stable. L’Europe risque donc de connaître un déclin démographique important dans les prochaines décennies.
D’ici à 2070, même avec une immigration nette comparable au niveau actuel – soit 1,2 million de personnes supplémentaires par an –, la population pourrait tomber à 432 millions d’habitants (contre 451 millions actuellement), selon les projections démographiques d’Eurostat. Sans immigration, la population de l’UE reculerait d’un peu plus de 20% pour atteindre 358 millions d’habitants.
Ce n’est qu’avec une immigration nette sensiblement plus élevée qu’aujourd’hui, soit environ un tiers de plus que le niveau actuel, qu’une légère hausse de 3,1% serait envisageable, portant la population de l’UE à 470 millions d’habitants d’ici à la fin du siècle.
La Suisse fait partie des rares pays européens dont la population continuerait à augmenter si l’immigration restait au niveau actuel. Le cap des 10 millions d’habitants pourrait ainsi être atteint d’ici à quelques décennies. Sans immigration, en revanche, la population tomberait à moins de 6 millions d’ici à 2100.
Alors que la population totale de l’UE est en diminution, le nombre de personnes de plus de 65 ans augmente de manière exponentielle. Ce groupe devrait représenter 32,5% de la population d’ici à la fin du siècle, contre 21,8% actuellement. À l’inverse, la tranche d’âge des 15 à 65 ans perdra environ neuf points de pourcentage sur la même période.
La migration ne peut pas tout résoudre
La baisse démographique se traduira par moins d’élèves, moins d’actifs, moins de contribuables et moins de consommateurs. Le vieillissement de l’Europe mettra les systèmes sociaux à rude épreuve.
La migration n’est toutefois pas une solution miracle face aux défis démographiques. Si elle peut effectivement atténuer la pression démographique, elle risque aussi d’aggraver certains problèmes, notamment lorsque l’intégration sur le marché du travail et dans la société n’est pas réussie.
Par ailleurs, le déclin démographique n’est pas un phénomène propre à l’Europe. Selon les tendances actuelles, les pays qui connaissent traditionnellement une forte émigration seront eux aussi confrontés à cette problématique à l’avenir.
Quoi qu’il en soit, le vieillissement et le déclin démographique des populations obligeront l’Europe à repenser et à adapter ses modèles sociaux et économiques.
Traduit de l’allemand par Laura Antonietti.
Newsletter
«Dernières nouvelles»
Vous voulez rester au top de l’info? «Tribune de Genève» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde.
Se connecterMarc Brupbacher dirige l’unité Storytelling de Tamedia à Zurich. En plus de l’équipe interactive, il est également responsable des blogs. Auparavant, il a officié, entre autres, comme chef de l’actualité et comme chef d’édition. Il écrit essentiellement des articles fondés sur des données – depuis 2020, surtout sur la crise du coronavirus.Plus d’infos@MarcBrupSvenson Cornehls est datajournaliste chez Tamedia à Zurich. Après une formation d’informaticien, il a étudié les sciences politiques à Zurich. Depuis 2019, il établit des liens et raconte des histoires grâce à ses recherches assistées par ordinateur.Plus d’infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
128 commentaires