POLITIQUE – Un peu moins d’un an après avoir été censuré, Michel Barnier est en pole position pour faire son grand retour à l’Assemblée nationale. Le prédécesseur de François Bayrou affronte la candidate socialiste Frédérique Bredin, ce dimanche 28 septembre, pour le second tour de la législative partielle de la 2e circonscription de Paris. L’élection du député macroniste Jean Laussucq a, quant à elle, été invalidée pour irrégularités dans ses comptes de campagne.
Déjà en tête au premier tour, celui qui a déjà été élu plusieurs fois député de Savoie, pourrait bénéficier d’un report partiel des voix obtenues par les candidats du RN Thierry Mariani, arrivé en troisième (7 %), et Reconquête Hilaire Bouyé (6 %).
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Alors que le scrutin a été largement boudé par les électeurs de la circonscription – un quart seulement a voté – sa concurrente socialiste tempère l’éclat de son opposant. Frédérique Bredin estimait cette semaine qu’il l’aurait dû l’emporter dès le premier tour, « mais il symbolise l’échec gouvernemental et les gens en ont assez de cette crise permanente ».
Engoncé dans le costume de monsieur Brexit avant sa nomination par Emmanuel Maron, le Savoyard a visiblement repris goût à la vie politique française et ses lumières. En juin dernier, il a même publié un livre sur ses trois mois à Matignon et fait une tournée de dédicaces. « Les Français que je croise estiment que j’ai été digne. J’ai dit la vérité, notamment sur la situation budgétaire », défendait-il en juin à Ouest-France.
Lancé dans ses ambitions présidentielles ?
Un désir pour le septuagénaire de ne pas retomber aux oubliettes, et de prendre déjà l’espace pour plus tard ? Dans ce même entretien, Michel Barnier dissimule à peine ses ambitions pour 2027, plaidant pour « un candidat de la droite républicaine capable de rassembler au centre ». Lui ? Il dit vouloir participer aux débats sans « personnaliser » les choses, et n’exclut rien, pas même son « destin ». « On a tous une part de destin. Nous verrons bien quelles seront les circonstances qui feront qu’on aura besoin de moi », disait-il encore au Point au mois de juin.
Ce come-back politique à Paris ne s’est pas fait sans fracas au sein de LR, et a irrité la ministre de la Culture Rachida Dati qui a menacé de s’y présenter aussi. Les observateurs ont prêté aux deux des intentions de transformer cette partielle en tremplin vers les municipales de 2026. Une idée qu’avait d’ailleurs caressé un temps Michel Barnier en 2008, pour succéder à Bertrand Delanoë, comme le raconte ici le Figaro. C’est finalement la maire du VIIe arrondissement qui a été investie officiellement par son parti pour la course à l’Hôtel de ville parisien. Moyennant son retrait de la législative partielle.
Dans le bloc central, on voit aussi dans cette candidature de Michel Barnier une manœuvre de Bruno Retailleau afin de contrebalancer le poids de Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l’Assemblée. « Barnier, c’est plus pour embêter Laurent Wauquiez que Rachida Dati. Avoir un poids lourd dans le groupe, fidèle à Bruno Retailleau, c’est pratique », commentait auprès de LCP en plein juillet un cadre de Renaissance. « En attendant de pouvoir gérer l’ambition présidentielle de Barnier, Retailleau s’est dit que c’était une bonne idée de mettre ce bâton dans les roues de Wauquiez », abonde un proche de Laurent Wauquiez auprès du Monde.
Une candidature aussi pour grignoter du terrain aux macronistes dans le contexte fragmenté du bloc central. S’il est élu, Michel Barnier deviendra le premier député LR de Paris, alors que les 18 circonscriptions de la capitale sont partagées depuis 2022 entre la gauche et les macronistes. Dans les rangs attalistes, l’absence de candidat maison n’avait d’ailleurs pas été sans susciter des déconvenues, alors dans une Assemblée morcelée où chaque siège compte. Les proches du patron de Renaissance renvoient eux, dans Les Échos, à « une prime à la clarté et à l’apaisement ».
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