“Je suis comme un enfant dans un magasin de bonbons”, confie Louise Trotter à un groupe de journalistes en coulisses. Sa nomination à la tête de Bottega Veneta en décembre dernier a fait d’elle la seule femme à décrocher un poste de directrice de création lors du grand jeu de chaises musicales qui a agité la mode pendant une bonne partie de l’année. L’arrivée de Rachel Scott chez Proenza Schouler à New York le mois dernier porte désormais ce chiffre à deux.

Bottega Veneta printempst 2026

Bottega Veneta printemps-été 2026

Filippo Fior / Gorunway.comBottega Veneta printempst 2026

Bottega Veneta printemps-été 2026

Filippo Fior / Gorunway.comL’artisanat mis à l’honneur

Louise Trotter déclarait récemment à Vogue : “J’ai envie de croire que j’ai réussi grâce à mon travail et à ce que je suis, et pas seulement parce que je suis une femme”. Ce qui est le cas, mais assister à ses débuts dans une grande maison avait malgré tout quelque chose de profondément valorisant pour elle : Louise Trotter a fait ses armes à New York, Londres et Paris, notamment chez Lacoste et Carven, bien plus longtemps que nombre de ses homologues masculins.

La collection donne l’impression qu’elle savoure pleinement sa nouvelle position, non pas comme une enfant dans un magasin de bonbons, mais comme une adulte parfaitement consciente de la valeur de ce qu’elle a entre les mains. L’ADN de Bottega Veneta, c’est l’artisanat, et elle s’en empare avec brio, dévoilant un manteau en intrecciato dont les tissages imitent les écailles de serpent, une cape dramatique jusqu’au sol composée de lanières de cuir ultra-fines, ou encore un manteau-robe intrecciato bleu denim orné de plumes qui semblaient flotter sur le podium.

Le mouvement est le fil conducteur de la collection : pans traînants d’une jupe composée de bandes de cuir superposées, franges soulignant la couture d’une robe micro-plissée. Les pièces les plus spectaculaires ? Des sortes de “pulls” aux teintes vives (orange, rouge, bleu argenté) qui captent et renvoient la lumière à chaque pas. Leur matière ? De la fibre de verre recyclée. “Ça a le toucher de la fourrure et ça bouge comme du verre, explique Louise Trotter. Et c’est taillé et construit de façon à suivre naturellement la ligne de l’épaule.” Les jupes réalisées dans ce même matériau se déclinent en dégradés tourbillonnants.

Bottega Veneta printempst 2026

Bottega Veneta printemps-été 2026

Filippo Fior / Gorunway.comBottega Veneta printempst 2026

Bottega Veneta printemps-été 2026

Filippo Fior / Gorunway.com

Le tailoring de Trotter s’impose dans des proportions spectaculaires, avec des épaules exagérées, des volumes amples et des pantalons si longs qu’ils s’enroulent dans les brides de chaussures. Par moments, on se dit qu’une taille ou deux de moins aurait affûté l’impact. À l’inverse, des robes en soie parachute aux bretelles glissant des épaules apportent une légèreté séduisante… Elles semblent flotter sur le corps grâce à une construction intérieure qui accentue la ligne des hanches.