Par
Glenn Gillet
Publié le
28 sept. 2025 à 12h46
La Ville de Paris, seule gestionnaire du boulevard périphérique, connaît-elle trop mal l’état de cet axe pourtant capital dans les flux quotidiens de population en Île-de-France ? C’est en tout cas l’avis de la Cour des comptes, qui vient de publier ce vendredi 26 septembre 2025 un rapport sur la gestion de la ceinture routière qui entoure la capitale, au cours de la période 2015-2025. L’institution y voit même une potentielle menace pour l’intégrité de l’ouvrage emprunté quotidiennement par 1,1 million de véhicules.
« Un risque sur la maintenance de l’infrastructure »
L’un des principaux constats à l’issue de l’enquête : « la Ville de Paris n’a qu’une connaissance ponctuelle et lacunaire de l’état superficiel et structurel de la chaussée », ce qui est une « source d’un risque sur la maintenance de l’infrastructure pourtant essentielle à la qualité de service aux usagers ».
En cause notamment, le fait que « la Ville ne possède pas d’outil d’aide à la décision lui permettant d’anticiper les travaux préventifs et curatifs », une lacune illustrée par le fait que « le service chargé de l’exploitation du boulevard périphérique ne dispose pas d’un diagnostic complet de l’état de la chaussée ». Seule une « base de données, gérée sous Excel », logiciel basique de bureautique, « compile les actions préventives et curatives qui ont été réalisées ».
Si un audit doit permettre d’ici à la fin de l’année de réaliser le diagnostic, ce futur examen « ne concernera que la couche de roulement sans expertiser la structure complète de celle-ci », regrette la Cour des comptes. Dans ce contexte, l’institution recommande d’« établir un diagnostic régulier de l’état structurel et superficiel du patrimoine routier », notamment au moyen de véhicules permettant des modélisations 3D permettant de mesurer la géométrie de la route et de détecter les signes de dégradation et de fatigue.
Deux types d’enrobés avec des durées de vie de 10 et 20 ans
Mais au fait, au bout de combien de temps peut-on considérer que l’état d’une route nécessite des travaux ? Selon une note de 2021 de l’institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité citée par la Cour des comptes, l’état d’un revêtement classique de la chaussée reste généralement à l’état « neuf » jusqu’à 7 ans maximum après les travaux, puis devient « bon » entre 7 et 12 ans, avant de devenir « moyen » à partir de 12 ans et jusqu’à maximum 20 ans après la pose. Deux décennies considérées comme la durée de vie moyenne pour ce revêtement durant lesquelles les travaux restent « préventifs » et non « curatifs », ce qui permet de limiter les coûts d’entretien.
À noter toutefois que pour les 17,8 km du périphérique parisien (sur une boucle de 35km au total) recouvert depuis plusieurs années d’un revêtement phonique, qui a permis de réduire le bruit en provenance de l’axe pour les riverains, cette durée de vie est divisée par deux et passe donc à 10 ans, tout en perdant en capacité de réduction de bruit avec le temps.
Au rythme actuel, pour permettre au revêtement du périphérique d’être maintenu dans un état acceptable tout en limitant les désagréments pour les usagers, la Ville doit procéder au renouvellement de 5,25 km par an (3,5km d’enrobé phonique et 1,75km d’enrobé classique).
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La question des enrobés phoniques avait fait l’objet d’une bataille entre la Ville et la région Île-de-France dirigée Valérie Pécresse, qui demande que la gestion du périphérique lui soit transférée. Au moment de l’annonce du projet de baisse de la vitesse de 70 à 50km/h en 2024, la présidente de la région avait exprimé son désaccord et prôné la mise en place d’un revêtement phonique neuf, pourtant déjà en partie mis en place sur le périphérique à partir de 2012. Récemment encore, la région a dénoncé la baisse de la vitesse comme étant une mesure inefficace et « anti-sociale ».
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