C’est un biopic évènement, dont la sortie est prévue fin 2026. Dans Gisèle, Lauriane Escaffre et Yvo Muller vont essayer de faire revivre aux spectateurs les nombreux combats de l’avocate Gisèle Halimi. L’histoire se déroulera en novembre 1972, au moment où l’affaire Marie-Claire Chevalier est jugée au tribunal de Bobigny. Cette jeune adolescente de 16 ans est jugée pour avoir avorté illégalement avec la complicité de sa mère. Leur avocate n’est autre que Gisèle Halimi, cette femme qui, sans le savoir, bouleversera les droits des femmes, et ouvrira la voie de la dépénalisation de l’IVG.
Pour ce biopic, c’est l’actrice Charlotte Gainsbourg qui a été choisie pour incarner les traits de Gisèle Halimi et porter haut et fort ses nombreux combats. Un choix audacieux pour les uns, et déploré pour les autres. Mais la dernière sortie de l’actrice n’a fait que relancer les critiques. En effet, il y a quelques jours, l’épouse d’Yvan Attal a co-signé une tribune pro-israélienne aux côtés d’Arthur. Ils demandaient à Emmanuel Macron de conditionner strictement la reconnaissance de l’État de la Palestine. Une tribune qui, une fois encore, a fait couler beaucoup d’encre. Dans quelques jours, Arthur s’apprête justement à sortir son roman J’ai perdu un Bédouin dans Paris, aux éditions Grasset.
Deux femmes qui n’ont rien en commun
La famille de Gisèle Halimi a décidé de monter au créneau. Dans une lettre ouverte publiée sur le site de Blast, Serge, l’un des enfants de l’avocate décédée en juillet 2020, déplore le choix fait par les producteurs du film. Pire encore, il regrette que la famille n’ait pas été informée et consultée en amont. Dans un tel cas, il l’assure : ils auraient rejeté le nom de Charlotte Gainsbourg.
« J’ai appris plusieurs mois après que la décision soit prise que Charlotte Gainsbourg avait été choisie pour interpréter le rôle de ma mère lors du procès de Bobigny. Autant dire qu’on ne m’a pas demandé mon avis » déplore ainsi le fils de Gisèle Halimi. Mais l’ancien directeur de rédaction du Monde diplomatique va plus loin. En effet, il condamne fermement les positions prises par celle qui incarnera sa mère à l’écran. Et pour cause : selon lui, les causes défendues par l’une sont à l’exact opposé de celles de l’autre…
Gisèle Halimi condamne ce que Charlotte Gainsbourg défend
« La signature par Charlotte Gainsbourg (… ) d’une lettre ouverte s’opposant à la reconnaissance de la Palestine par la France et assimilant cette décision à une capitulation morale face au terrorisme fait donc resurgir par contraste tout un chapitre de la vie de Gisèle Halimi. Car elle aurait lu cette tribune collective avec dégoût. Elle ne dit rien des crimes de guerre israéliens pourtant qualifiés de génocide par nombre d’organisations internationales. Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi » tient à rappeler Serge Halimi.
Effectivement… Si Gisèle Halimi est avant tout connue pour ses combats féministes, du procès de Bobigny au manifeste de 343 en passant par l’affaire d’Aix-en-Provence, elle n’en reste pas moins une femme engagée sur de nombreux autres sujets sociétaux et diplomatiques. Comme le rappelle à juste raison Serge, l’avocate s’est aussi battue pour la dépénalisation de l’homosexualité. Elle a combattu pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie, et s’est toujours engagée contre l’impérialisme de nombreux pays. Plus méconnus, ses refus des traités européens du TCE et de Maastricht ont été oubliés.
Elle devra s’en expliquer à la sortie
Tous ces éléments ne figureront pas dans le biopic Gisèle qui sortira dans quelques mois. Seul le procès de Bobigny sera évoqué. Mais Serge Halimi espère que les journalistes feront correctement leur travail. Interrogeront-ils Charlotte Gainsbourg sur ses positions, parfaitement opposées à celle qu’elle a accepté d’incarner ? Le septuagénaire croise les doigts.
« Le jour où le film sur le procès de Bobigny sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la différence fondamentale entre le personnage qu’elle interprète et ses propres convictions qui la rangent dans le camp, peu honorable, des avocats inconditionnels d’Israël. L’opération qu’elle escomptait en incarnant Gisèle Halimi à l’écran se retournera alors contre elle » a ainsi conclu, amer, celui qui, pour sûr, ne regardera pas ce biopic. Une colère qui rappelle celle de Benjamin Castaldi, qui condamne avec fermeté le biopic de Diane Kurys sur ses grands-parents.
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