Les adhérents du SPD sont appelés à ratifier d’ici au 29 avril le contrat du gouvernement d’un futur chancelier Friedrich Merz dont l’entrée en fonction, et donc l’élection par le Bundestag, est prévue pour le 6 mai. Leurs deux coprésidents, Lars Klingbeil et Saskia Esken, appellent les militants à un vote positif pour clore la séance de négociations avec les dirigeants de la CDU-CSU, vainqueurs du récent scrutin, et faire ainsi émerger rapidement un nouveau gouvernement fédéral.
Seulement, aux yeux d’une certaine base du parti, les concessions faites sont si importantes qu’elles risquent d’avoir un effet très contre-productif et de booster in fine encore davantage une AfD (extrême droite), devenue déjà avec 20 % des suffrages le second parti du Bundestag. Une aile pacifiste, toujours influente, s’inquiète d’un forcing décomplexé sur les dépenses militaires, regrettant l’abandon de la recherche d’une politique de détente, telle qu’elle fut promue en pleine guerre froide par un certain Willy Brandt.
Malaise très présent au sein du SPD
Plus grave, l’organisation de jeunesse du parti (Juso) a carrément appelé, dans son ensemble, à voter contre un contrat de gouvernement « pas adapté pour affronter les questions politiques clés du moment ». Les énormes inégalités qui minent déjà la société allemande « vont continuer de prospérer », dénoncent les Jusos bavarois. Les engagements en matière d’immigration et de justice « sont anti-solidaires », martèlent leurs camarades du Schleswig-Holstein.
Les jeunes sociaux-démocrates ne représentent qu’une fraction du SPD, mais le malaise qu’ils évoquent est, lui, très présent au sein du parti. Et l’analyse du patron de l’institut de recherche économique de centre gauche de Berlin, le DIW, vient en confirmer le bien-fondé. L’économiste et patron du DIW, Marcel Fratzscher, décrypte les principaux éléments du contrat de coalition adopté pour mettre en garde face à une nouvelle redistribution des revenus « du bas vers le haut », des plus pauvres vers les plus riches.
Et l’économiste de pointer les nombreux allégements fiscaux et sociaux prévus pour les plus gros détenteurs de capitaux et les entreprises, tandis qu’à l’inverse la pression « va s’accroître sur les plus modestes ». Cette nouvelle aggravation du processus qui a déjà tant contribué à déstabiliser la société allemande et à renforcer l’AfD « est très risquée », souligne Fratzscher, soucieux d’évidence de prendre date.
Seule la décision d’engager un budget exceptionnel doté de 500 milliards d’euros sur douze ans pour les infrastructures ouvre une fenêtre, soulignent de nombreux militants du SPD. Mais le grand flou cultivé autour des modalités de son utilisation alimente aussi les plus grands doutes.
À l’heure du résultat de la consultation, le coup de théâtre d’un « non » des adhérents du SPD paraît peu probable, compte tenu de l’intensité de la pression, y compris médiatique, à laquelle ils sont soumis. De plus, les sondages donnent l’AfD encore en progression en cas de nouvelle élection anticipée. Et une aile droite très active de la CDU-CSU revendique, sous la houlette d’un Jens Spahn, vice-président du groupe CDU-CSU au Bundestag, une normalisation complète dès maintenant des relations et du rôle de l’AfD au sein du Parlement allemand.
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