Par

Léa Pippinato

Publié le

28 sept. 2025 à 11h45

« Je ne vois pas comment une entreprise peut vivre avec seulement vingt matchs par an. » La formule d’Olivier Ribotta, directeur général du BLMA, résume le défi des Gazelles : durer, séduire et gagner. Le BLMA a choisi un cadre symbolique pour lancer sa saison : le Marché du Lez. « Rien que ça ? », a plaisanté une joueuse, preuve que le club a passé un cap. Cette première conférence de presse depuis trois ans a rassemblé autour d’un même message : les Gazelles veulent redevenir un moteur du sport féminin en France. « Nous avons besoin de visibilité. Le sport féminin crée autant d’émotions que le sport masculin, parfois plus. À nous de le rappeler. »

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Depuis juillet 2024, le BLMA est devenu une société par actions simplifiée (SAS). Une étape imposée par la Fédération, mais qui a permis d’accueillir 18 actionnaires civils. Grâce à ce soutien, le club dispose désormais d’une avance budgétaire d’un an. Un coussin encore mince mais inédit.

À la tête du club, un nouveau visage : Vincent Garrigues, directeur de la marque Ford pour le groupe GRIM, partenaire historique. « J’ai découvert le basket féminin en 2017 presque par hasard. J’ai été bluffé par l’engagement des joueuses. Depuis 2020, j’ai assisté à presque tous les matchs. Cette équipe ne lâche jamais ». De supporter à président, il veut redonner un élan sportif : « Le dernier titre de champion remonte à 2016. Celui de la Coupe de France à 2021. Nous devons tout faire pour en conquérir un autre rapidement ».

Une salle en pleine transformation

Le Palais des Rencontres (nouveau nom du Palais des Sports de Lattes) évolue lui aussi. Sa capacité passera de 1 150 à 1 500 places au printemps, grâce à trois nouvelles tribunes rapprochées du terrain. Un choix qui s’inscrit dans une dynamique déjà forte : 95 % des matchs de la saison passée se sont joués à guichets fermés. Le nombre d’abonnés a doublé en trois ans. Avec 125 partenaires contre 75 dans la même période, l’engouement est réel. Mais le budget reste fragile. « Les entreprises locales sont fidèles, elles viennent pour les bonnes raisons. Mais elles apportent moins que les grands sponsors nationaux », concède Olivier Ribotta. Cette rigueur a parfois contraint les joueuses à voyager en minibus ou à composer avec des vestiaires vétustes. Les choses évoluent : la municipalité de Lattes a financé une rénovation complète des installations.

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Autre annonce de la matinée : l’arrivée du groupe Tandem parmi les soutiens du BLMA. Dirigé par David Karouby, fondateur également de Lady Sushi, le groupe possède 13 restaurants entre Montpellier, Anduze et la Bourgogne, dont des enseignes emblématiques comme le Café Joseph, Céna ou encore la plage Bonaventure à Palavas.

Un effectif remodelé à 70 %

Côté sportif, le BLMA a fait peau neuve. Seules trois joueuses professionnelles ont été conservées. Six recrues apportent un souffle nouveau. La plus jeune, Sarah Cissé, 18 ans, internationale U18 et U19, représente l’avenir et incarne l’audace du pari de la jeunesse. La plus attendue, Julie Pospisilova, internationale tchèque, arrive auréolée d’un Euro réussi et d’une finale d’EuroCoupe. Qadashah Hoppie, arrière américaine de 25 ans, revient d’une blessure et doit apporter du scoring et du leadership. L’ailière forte Samantha Breen débarque du championnat suisse avec une réputation de scoreuse. La meneuse Kenza Salgues, formée au BLMA, signe un retour aux sources après un parcours aux États-Unis. Enfin, la pivot expérimentée Christelle Diallo vient renforcer la raquette et apporter le point de fixation qui manquait. « Nous avons voulu un groupe qui partage la balle. Le jeu individuel ne m’intéresse pas », conclut le coach Valéry Demory, convaincu de la valeur collective de son effectif.

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Au milieu de ce grand renouvellement, Romane Bernies fait figure de repère. Neuvième saison sous le maillot lattois pour la meneuse. « Ici, j’ai trouvé une deuxième maison. J’aurais pu aller chercher plus d’argent ailleurs, mais je suis équilibrée et entourée. C’est comme ça que je performe », confie-t-elle. La capitaine prend aussi soin de la vie du groupe : « Quand il faut recréer une dynamique, je m’implique. Valéry gère le terrain, moi j’essaie de fédérer hors parquet. »

Le calendrier ne fait pas de cadeau : déplacement à Charleville le 1er octobre, puis réception de Villeneuve-d’Ascq le 5 octobre à l’Arena Sud de France, devant plus de 4 000 spectateurs attendus. Une journée organisée dans le cadre d’Héraia, rendez-vous consacré au sport féminin. Pour le nouveau président, cette rencontre dépasse le simple enjeu sportif : « Nous devons inspirer. Faire en sorte que des petites filles se disent qu’elles aussi ont leur place dans le sport ».

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