Il n’y a pas que Stéphane Bern qui aime le patrimoine. Décédée en 2019 à 53 ans, Coralie Roger, une ancienne infirmière du CHU de Rouen qui résidait à Louviers (Eure), éprouvait une affection toute particulière pour les églises où, d’après ses proches, elle trouvait de l’apaisement à la fin de sa vie.

Elle a donc décidé peu de temps avant sa mort de faire un legs d’un peu plus de 250 000 euros à la Fondation du patrimoine. Une somme qui d’après ses derniers souhaits doit servir spécifiquement à la restauration de lieux de culte normands. « Pour nous, à l’échelle de la région, recevoir une telle somme de cette manière, c’est une première ! », souligne Olivier Leclerc, le délégué régional de la Fondation du patrimoine qui a dévoilé la semaine dernière les six sites retenus en Normandie où, pour chacun, une petite plaque rappellera la contribution de la généreuse infirmière.

« Nous avons cherché des lieux avec des profils différents »

Chaque département normand recevra donc une enveloppe de 50 000 euros qui sera affectée à la remise en état de ces bâtiments, tous accompagnés par la Fondation du patrimoine dans leur projet de réhabilitation. « Nous avons cherché des lieux avec des profils différents tout en respectant les souhaits de la défunte », précise Olivier Leclerc. Ce qui explique d’ailleurs que les églises Notre-Dame de Louviers et Sainte-Cécile d’Acquigny dans l’Eure, où Coralie Roger avait ses habitudes, aient été retenues et se partageront les 50 000 euros alloués à leur territoire.

Dans le Calvados, c’est la petite église Saint-André de Clarbec qui a été choisie, dans la Manche, un ouvrage de la reconstruction, l’église Saint-Michel de Graignes et dans l’Orne, la chapelle de l’hôpital de Mortagne-au-Perche. « Chacune possède un style et des problématiques différentes. Par exemple, la chapelle de l’hôpital est au cœur d’un lieu de vie qui accueille au sein d’un Ehpad des personnes âgées », détaille le délégué régional.

« Un coup de projecteur qui, on l’espère, peut entraîner d’autres dons »

En Seine-Maritime enfin, c’est l’église Sainte-Jeanne-d’Arc d’Eslettes qui va bénéficier des 50 000 euros. Edifiée par l’architecte rouennais Pierre Chirol il y a tout juste 100 ans pour combler le manque de lieu de culte dans la commune, elle aurait été construite à un endroit où Jeanne-d’Arc aurait campé 500 ans plus tôt, prisonnière des Anglais, en route pour Rouen. Propriété du diocèse, car il a été construit après la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le bâtiment, dont le clocher a dû être démoli en 1987, possède deux beaux vitraux consacrés à la vie de l’héroïne française et une charpente apparente en coque de bateau inversé.

Pour Gilbert Colling, le président de l’association Eglise d’Eslettes : Mémoire et patrimoine, cette somme va permettre de mener des travaux indispensables à la remise en état d’une « église qui donne son charme à ce village et à laquelle la population est attachée ». Une première tranche concernera la restauration du porche ainsi que le remplacement de l’ensemble des couvertures afin de mettre l’édifice hors d’eau. Elle est estimée au minimum à 200 000 euros. « Cette aide va faciliter nos démarches auprès des collectivités qui suivent notre projet et lui donner un coup de projecteur qui, on l’espère, pourrait entraîner d’autres dons ».