« Nous souhaitons la mettre en place le plus rapidement possible. » Le président de l’Université de Bordeaux Dean Lewis n’y va pas par quatre chemins pour évoquer la réforme des études de médecine qu’il souhaite concrétiser sur l’ensemble des campus du Sud-Ouest.

Auparavant, un étudiant intégrait la Première année commune aux études de santé (Paces), qui s’achevait par les examens en fin d’année. Le système était critiqué, accusé d’enfermer les étudiants dans l’échec avec de multiples redoublements, de favoriser une culture de « l’excellence dans la souffrance » ou d’user de méthodes peu pédagogiques.

Complexité

En 2020, le nouveau système voit débarquer un Parcours d’accès spécifique santé (Pass), qui correspond à un cursus de médecine classique mais sans possibilité de redoubler. En cas d’échec, l’étudiant peut poursuivre son parcours en intégrant une licence accès santé (LAS) en deuxième année. La LAS permet d’avoir une matière en majeure (philo, droit, sport, etc.) et médecine en mineure. L’étudiant dispose de deux tentatives durant sa licence pour accéder aux études de santé.

« Dans beaucoup d’universités de taille importante, comme à Bordeaux, la réforme s’est traduite par une complexité de mise en œuvre, constate Dean Lewis. Selon une analyse menée en juin 2025, nous avons environ 3 000 étudiants sur 61 parcours d’études différents et sur l’ensemble du Sud-Ouest. Il y a ceux qui n’ont pas eu la Pass et qui vont en LAS, ceux qui sont en LAS en philo à Pau, ceux qui redoublent la LAS, etc. » Un constat qui n’étonne pas les étudiants en médecine, dont beaucoup dénoncent un « manque de transparence », une « désorganisation » ou des « informations contradictoires ».

Des capacités d’accueil réduites ?

Pour l’avenir, l’Université de Bordeaux imagine un resserrement sur un seul parcours, conformément aux préconisations de la Cour des comptes. « Rien n’est validé à ce jour, mais notre idée est d’avoir une licence avec environ 40 à 50 % d’unités d’enseignement de santé, et un peu moins de 50 % d’autres disciplines, déroule Dean Lewis. La licence serait assez sélective, avec l’organisation d’un classement qui vous permet de répartir les étudiants sur médecine, odontologie, pharmacie et maïeutique, voire des passerelles avec des écoles paramédicales et les écoles de kiné. »

Dean Lewis plaide pour « des accompagnements un peu plus renforcés sur les territoires afin de faire en sorte que les taux de réussite de ces étudiants soient meilleurs. Ils ne sont pas moins bons mais ils ne bénéficient pas de l’écosystème de Bordeaux ».

Reste qu’une autre donnée aura son importance. « Si nous sommes à moyens constants, il faudra diminuer les capacités d’accueil, prévient Dean Lewis. Aujourd’hui, nous avons 1 400 étudiants en Pass et 700 en LAS, donc un total de plus de 2 000. Le nouveau système serait soutenable si nous passions au-dessous des 2 000 étudiants. » Le président mentionne une autre perspective : décrocher des moyens supplémentaires dans le cadre des futurs contrats d’objectifs, de moyens et de performance (Comp) qui doivent prochainement encadrer les moyens alloués aux universités.