Bordeaux Métropole et 13 syndicats intercommunaux représentant la quasi-totalité des habitants de la Gironde vont créer un groupement d’intérêt public (GIP) commun chargé de la gestion des déchets à l’échelle départementale. Ce devrait être la fin d’une injustice issue du contrat passé en 2019 entre la Métropole et l’industriel privé Veolia, qui pratiquait des prix discriminatoires à l’encontre des territoires autour pour l’utilisation des incinérateurs de Cenon et Bègles.

À l’époque, ce dossier avait symbolisé une Gironde à deux vitesses, avec une forme d’écrasement des territoires périphériques par une Métropole sûre de sa domination et de ses équipements. Pour incinérer les déchets, les tarifs proposés à la Métropole (51 euros la tonne) étaient deux fois moins élevés que ceux imposés aux intercommunalités situées dans la périphérie (118 euros). La situation arrangeait d’autant plus la Métropole que ses incinérateurs sont en surcapacité : ils peuvent absorber 340 000 tonnes de déchets ménagers, alors que les 28 communes qui la composent en produisent 220 000.

La création du GIP vise à corriger ce déséquilibre. Il doit conduire à une harmonisation des tarifs et institue une gouvernance partagée entre Bordeaux Métropole et les 13 syndicats intercommunaux. « C’est la fin de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB, l’ancêtre de la Métropole, [NDLR]) citadelle », s’est félicité l’élu de Mérignac, Gérard Chausset, l’un des rares qui avait voté contre le système adopté en 2019. Selon lui, la même logique devrait s’appliquer aux questions de transports ou de gestion de l’eau, des sujets dont l’échelle la plus pertinente est le département, pas l’agglomération principale.

« Un dossier majeur »

« C’est un dossier majeur, une excellente nouvelle, l’engagement d’une Métropole plus opérationnelle en faveur de la coopération territoriale, estime Sandrine Papin, vice-présidente chargée de l’équilibre des territoires. C’est un soulagement pour beaucoup d’intercommunalités. Pour elles, ce GIP permet une réflexion sur le traitement des déchets à la vraie échelle : celle du département. »

Christine Bost, présidente de la Métropole, y voit une autre vertu : « C’est nécessaire pour avoir plus d’équité entre les territoires. Mais cela permettra aussi d’aller plus loin dans la diminution de l’enfouissement pour les territoires autour, sachant que la Métropole enfouit très peu. Cela va accélérer les choses. »

La minorité de centre droit estime aussi que ce rééquilibrage était nécessaire. Mais le maire LR de Saint-Aubin-de-Médoc, Christophe Duprat, signale « un point d’alerte ». La discordance tarifaire était « quelque chose d’anormal », mais il ne faudrait pas que les choses s’inversent. « Attention à bien maîtriser les tarifs, explique-t-il. Les habitants de la Métropole ont lourdement investi dans les équipements de gestion des déchets, il ne faudrait pas qu’il y ait une double peine : qu’ils aient financé ces équipements et que les tarifs ne soient pas maîtrisés. »