Après de nombreuses expositions dans toute la France, dont une il y a un an aux Carmes de La Rochefoucauld, le projet photo réalisé auprès de la jeunesse rurale du nord et de…
Après de nombreuses expositions dans toute la France, dont une il y a un an aux Carmes de La Rochefoucauld, le projet photo réalisé auprès de la jeunesse rurale du nord et de l’est de la Charente devient un livre. Un point d’orgue au travail mené pendant cinq ans par le photographe originaire de Saint-Projet.
Tiré à un millier d’exemplaires environ, le beau livre « Le reste du monde n’existe pas », du nom initial du projet déjà plusieurs fois primé, a été accompagné par Rura, une association dédiée à la jeunesse rurale. « Nous avons lancé ensemble une campagne de prévente sur la plateforme de participation Ulule, qui a bien marché. Ça nous a permis de financer l’objet ».
La rédaction vous conseille
À l’intérieur, 82 photos triées parmi plus de 60.000 clichés réalisés tout au long de ce projet. Et quelques textes. « Il y a notamment des petites histoires, pour contextualiser le travail », souffle le photographe diplômé en sciences sociales, également professeur de sociologie visuelle à Paris.
« Je suis d’abord photographe, et je me sers de la sociologie pour tirer le portrait de ces jeunes ruraux en formation, chez eux, dans leur quotidien ou sur leurs lieux de loisirs. Cette jeunesse rurale est peu représentée et souvent mal représentée, car elle l’est de loin. De la ville, en réalité », insiste Cédric Calandraud, dont le travail laisse percevoir quelques influences.
« Ce département m’inspire. Je veux documenter la vie d’ici ».
« Le livre de Nicolas Mathieu, ‘Leurs enfants après eux’, m’a beaucoup marqué, d’autant qu’il est sorti à peu près au moment où j’ai commencé ce travail », raconte celui qui cite aussi les travaux des sociologues Benoît Coquard et Yaël Amsellem-Mainguy, avec qui il s’entretient d’ailleurs dans le livre.
La MFR de La Péruse, QG du photographe
« À la fin, il y a aussi un texte qui revient un peu sur mon parcours, mon histoire avec ce territoire. Comment, adolescent, j’ai eu envie de partir et je suis parti, et comment, plus tard, j’ai eu envie de revenir. J’ai envie de continuer à faire des projets en Charente », confie celui qui partage sa vie entre ici et la capitale. « Ce département m’inspire. Et quand on s’intéresse au quotidien des gens, les possibilités sont infinies. Je veux documenter la vie d’ici ».
Le photographe est venu présenter son livre à la MFR de la Péruse, à Terres-de-Haute-Charente, ce vendredi. « C’est ici que je retrouvais une partie de la centaine de jeunes que j’ai photographiés pendant cinq ans. Quand je revenais les voir pour une nouvelle série de photos, je leur laissais des tirages en petit format de la session précédente. J’ai décoré pas mal de chambres », sourit-il.
Comme celle de Laura Rougier. « J’ai tout de suite accroché avec le projet. Je suis photogénique, j’ai toujours aimé poser devant un objectif », raconte l’élève de terminale à la MFR, dont le portrait s’est retrouvé en grand format, le temps d’une exposition, dans le hall d’entrée de la gare de Strasbourg. Une fierté pour elle, et pour Cédric Calandraud. « Ces images leur ressemblent. Ce sont eux qui me le disent. C’est ça, ma victoire ».
« Le reste du monde n’existe pas », aux Éditions Loco. Sortie le 3 octobre prochain. Disponible sur demande dans les librairies. Prix de vente public : 45 euros.