Les anarchistes, penseurs et penseuses de la violence politique
La multiplication d’actes violents à l’encontre de figures politiques aux États-Unis défie les interprétations univoques. Il y a un siècle, les anarchistes, dont la doctrine a longtemps été réduite à la promotion de l’action violente, ont développé des réflexions sur la violence politique, sur ce qu’elle rend visible et ce qu’elle masque, qui peuvent encore nourrir les nôtres aujourd’hui. Un article publié en partenariat avec le Congrès de l’Institut des Amériques.
De part et d’autre de l’Atlantique, l’on s’inquiète de la montée en puissance de la violence politique, qui se manifeste notamment dans des attentats contre des figures représentant le pouvoir politique ou économique[1], qui suscitent parfois des réactions d’adhésion faisant craindre une plus grande acceptation des modes d’action violents[2].
Aux États-Unis, Donald Trump a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juillet 2024 en Pennsylvanie, pendant la campagne pour les élections présidentielles. Le 4 décembre de la même année, Brian Robert Thompson, dirigeant de United Healthcare, l’une des principales compagnies d’assurance santé des États-Unis, est abattu à New York[3]. Le 14 juin 2025, la représentante à la Chambre du Minnesota Melissa Hortman et son époux Mark Hortman sont tués, le sénateur du Minnesota John Hoffman et sa femme Yvette Hoffman attaqués, vraisemblablement par le même homme. Tout récemment, l’influenceur Charlie Kirk est abattu sur le campus d’Utah.
Chacun de ces actes est singulier, le résultat d’une multiplicité de facteurs, et leur intention politique n’est pas toujours avérée ; il est donc périlleux de vouloir leur attribuer une signification univoque. Néanmoins, ils frappent par leur dimension symbolique, leur retentissement médiatique et ce qu’ils révèlent du contexte politique contemporain. Ce type particulier de violence agit comme révélateur d’un climat politique dégradé, où les institutions ne semblent plus pouvoir jouer leur rôle de médiation et de débat ; il contribue aussi, par son retentissement et l’effet de sidération qu’il peut provoquer, à masquer d’autres formes de violence, structurelle, systémique, voire peut autoriser, au nom de la défense de « valeurs démocratiques » parfois trop sommairement définies comme une adhésion aux systèmes politiques existants, une répression de tous les mouvements qui cherchent à dénoncer les insuffisances et les injustices des sociétés dans lesquelles nous vivons.
Historiquement,
