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Rédaction de Toulouse

Publié le

28 sept. 2025 à 16h18

Toulouse, le 12 avril 1933. Au théâtre du Capitole, l’archevêque (et futur cardinal) Jules Saliège dénonce avec véhémence les dangers du nazisme. Dans l’assemblée composée d’élus et de prélats, on distingue la silhouette de Bruno de Solages.

Un adversaire résolu de l’extrême droite

Le théologien, nommé recteur de l’Institut catholique un an plus tôt, est, comme son glorieux aîné, un adversaire résolu de l’extrême droite raciste et antisémite. Figure de proue de l’Action catholique, mouvement qui promeut la doctrine humaniste et sociale de l’Église, Solages lutte contre les idées véhiculées par l’Action française de Charles Maurras, l’une des ligues nationalistes les plus virulentes à l’égard de la IIIe République.

« Il estime que ce dernier n’est pas un chrétien, mais un païen » souligne Enguerrand Serrurier, doyen de la faculté libre de droit de l’Institut catholique de Toulouse, co-auteur avec Maurice Lugassy des Hérauts de la résistance catholique (Cerf Patrimoines).

L’ICT, foyer de l’intelligentsia résistante

Après la défaite militaire de mai-juin 1940 et les pleins pouvoirs accordés à Pétain, il juge le nouveau régime de Vichy illégitime.

Lors d’une visite privée effectuée en juillet de la même année dans la ville thermale, il déclare qu’il « préférerait voir la France de Léon Blum et des francs-maçons victorieuse, plutôt que la France vaincue du maréchal ». Fidèle à ses principes, il refuse les financements de l’État français et érige, durant les années noires de l’Occupation, l’Institut catholique de Toulouse (ICT) en foyer de résistance intellectuelle.

Arrêté et déporté

« Il faisait des conférences publiques dont l’esprit et l’inspiration avaient fait le rendez-vous de toute l’intelligentsia résistante, souvent laïque, souvent juive (ndlr : de Georges Friedmann et Jean Cassou à Vladimir Jankélévitch et Edgar Morin) alors réunie à Toulouse » dixit Léo Hamon, responsable de l’action ouvrière du mouvement Combat dans la région.

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Dès la fin des années 1930, la bibliothèque de l’Institut devient un asile pour des républicains espagnols puis polonais exilés et des figues allemandes et autrichiennes antinazies. Menacé de mort par des groupes proches de la Collaboration, il est finalement arrêté le 9 juin 1944 puis déporté au camp de concentration de Neuengamme, au sud-est de Hambourg.

Un théologien de premier plan

À son retour, il retourne à son travail universitaire et publie, dans les années 1950 et 1960, de nombreux ouvrages, parmi lesquels L’initiation métaphysique : l’univers, l’homme, Dieu, la connaissance (1962), caractérisée par une grande culture scientifique et théologique, ou encore une biographie approfondie de son ami le prêtre jésuite et philosophe Pierre Teilhard de Chardin.

Sa renommée lui vaut d’être élevé au grade de Commandeur des Palmes académiques et de docteur honoris causa de l’université de Montréal.

Mathieu ARNAL

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