« Tiens qu’est-ce que c’est ? » Attirés par la musique, les passants, curieux, s’engouffrent dans l’allée qui mène place des Basques, derrière la porte Cailhau. La photo d’une lettre est collée à l’entrée : l’invitation officielle de Jacques Chaban-Delmas à l’inauguration de l’endroit en juin 1985. Quarante ans plus tard, la fête est toujours au rendez-vous. En début de soirée, quelques verres sont pleins, d’autres pas encore. Les musiciens laissent échapper quelques notes avant le concert.
« Notre groupe s’appelle Kantuz. C’est une chorale de chansons basques cultes », explique l’un des guitaristes. Christian est pharmacien à Bouliac. Tous les jeudis soir, il quitte son officine et rejoint les autres membres du groupe pour animer la Maison basque de Bordeaux. C’est grâce à sa femme Hélène qu’il a découvert la culture basque. Originaire d’un village entre Saint-Étienne-de-Baigorry et Saint-Jean-Pied-de-Port, c’est elle qui dirige la chorale. À la mention du nom de ce village, un couple s’exclame de joie. Même loin de chez eux, ils se sentent ici comme à la maison.
Un lieu de réunion pour Basques expatriés
« Je fais partie de la chorale aussi. Je ne suis pas basque… mais il n’y avait pas de chorale auvergnate », plaisante Bernard, ancien ingénieur en aéronautique. Comme lui, nombreux sont ceux qui attendent de connaître le programme de la nouvelle saison culturelle de la Maison basque, attenante. L’association, créée en 1947, avait pour objectif de fédérer les Basques, nostalgiques de leur région.
Aujourd’hui, elle se présente comme un véritable foyer de la culture euskarienne avec plus de 800 adhérents. On y apprend à danser le mutxiko, à jouer au mus – jeu de cartes traditionnel —, à interpréter les personnages de la mythologie ou à construire son arbre généalogique. Les cours de langue connaissent également un grand succès en rassemblant plus de 100 élèves chaque année. Pendant le concert, une partie du public suit les paroles sans peine. La place des Basques porte bien son nom, ce sont eux qui lui donnent vie.