Un homme qui participe aux recherches sur le lien entre groupe sanguin et cancers.En France, le groupe sanguin le plus fréquent est le groupe A (environ 44 %), suivi du groupe O (42 %), puis B (10 %) et AB (4 %) selon l’Établissement Français du Sang (EFS). © Adobe Stock

Nous connaissons tous notre groupe sanguin : A, B, AB ou O. Cette information est indispensable en cas de transfusion, mais pourrait-elle aussi en dire long sur notre santé à long terme ?

Depuis une dizaine d’années, plusieurs études se sont penchées sur le lien entre groupe sanguin et risque de cancer. En toile de fond, une idée qui séduit : certains groupes pourraient être « protégés » contre certaines tumeurs.

Groupe sanguin et cancer : que disent les études ?

En France, environ 433 000 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués en 2023, selon Santé publique France et l’Institut national du cancer. Face à ce fléau, toute piste de prévention attire l’attention. Plusieurs recherches internationales ont observé une corrélation entre le système ABO et le risque de certains cancers.

  • Le groupe A semble associé à un risque légèrement plus élevé de cancer de l’estomac et du pancréas. Une méta-analyse parue en 2014 dans l’Asian Pacific Journal of Cancer Prevention a confirmé cette tendance, suggérant une augmentation relative du risque de l’ordre de 20 % pour certains cancers digestifs.
  • Le groupe O, à l’inverse, apparaît comme légèrement « protecteur » dans plusieurs études, notamment contre le cancer gastrique et pancréatique. Mais attention : il s’agit d’un risque relatif, pas d’une immunité !
  • Les groupes B et AB donnent des résultats plus variables selon les localisations tumorales. Le groupe AB, par exemple, a été associé à un risque accru de cancer du foie dans une étude chinoise publiée dans Oncotarget en 2017.

Ces associations sont statistiquement significatives, mais les effets restent modestes. On parle de différences de 10 à 25 % de risque relatif, bien loin d’une garantie de protection ou de vulnérabilité.

Pourquoi de telles différences ?

Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses, sans certitude définitive :

  • Les antigènes ABO (présents à la surface des globules rouges, mais aussi sur de nombreuses cellules) pourraient influencer les processus d’inflammation, de coagulation et de réponse immunitaire.
  • Certaines infections (comme Helicobacter pylori, facteur de risque du cancer de l’estomac) semblent interagir différemment selon le groupe sanguin.
  • La génétique : les gènes qui codent pour le groupe sanguin sont proches d’autres gènes impliqués dans l’immunité et la prolifération cellulaire.

Mais il reste difficile de démêler ce qui relève du groupe sanguin lui-même, et ce qui dépend d’autres facteurs associés (environnement, alimentation, mode de vie).

Prudence : le groupe sanguin n’est pas une boule de cristal

Le groupe sanguin n’est pas un facteur de risque majeur comparé à d’autres comportements bien documentés :

Autrement dit : savoir que l’on est du groupe O ne doit en aucun cas être interprété comme une « protection ». Inversement, être du groupe A ne signifie pas qu’un cancer est inévitable.

Un champ de recherche toujours ouvert

De nouvelles études continuent d’explorer le lien entre groupes sanguins et maladies chroniques. En 2021, une recherche publiée dans Scientific Reports a évoqué le rôle potentiel des antigènes ABO dans l’évolution de certains cancers et même dans de futures stratégies thérapeutiques ciblées. Mais il s’agit avant tout de travaux expérimentaux et conceptuels, qui ne doivent pas être interprétés comme une preuve clinique de protection ou de risque.

En France, l’INSERM et plusieurs équipes hospitalières s’intéressent également aux interactions entre immunité, génétique et facteurs sanguins. L’objectif est de mieux comprendre pourquoi certains patients développent un cancer alors que d’autres, exposés aux mêmes risques, y échappent.

À SAVOIR 

Selon l’Institut national du cancer (INCa), le tabac reste de très loin le premier facteur de risque de cancer en France : il est responsable d’environ 20 % des nouveaux cas chaque année.

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