Le premier ministre à ce jour le plus éphémère de la Ve République devient le seul député LR de la capitale, partagée depuis 2022 entre la gauche et les macronistes.
C’est officiel. Dix mois après avoir été renversé, l’ancien premier ministre Michel Barnier fera son grand retour à l’Assemblée nationale dans les prochains jours, dans la foulée de sa large victoire, ce dimanche, dans l’élection législative partielle de la deuxième circonscription de Paris. Avec plus de 62% des voix, l’ex-négociateur en chef du Brexit triomphe, à l’issue de ce second tour, de son adversaire socialiste Frédérique Bredin, dont la défaite semblait écrite d’avance tant la sociologie électorale locale lui était défavorable.
32 ans après avoir quitté les bancs du Palais Bourbon, le septuagénaire succède au macroniste Jean Laussucq – dont l’élection de juillet 2024 avait été invalidée par le Conseil constitutionnel. Il peut se réjouir de devenir, par la même occasion, le seul député LR de la capitale, où les 18 circonscriptions sont, depuis 2022, partagées entre la gauche et les macronistes. Lui qui avait fait de la Savoie son fief électoral pendant des années – député, sénateur, président de l’assemblée départementale, affirme vivre à Paris depuis une dizaine d’années, un argument avancé pour justifier sa candidature.
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Seule ombre au tableau : un taux de participation encore plus bas que celui de la semaine dernière, dépassant à peine les 23% des 75.000 électeurs inscrits dans cette circonscription, à cheval sur les 5e, 6e et 7e arrondissements de Paris. Dès le premier tour, alors que l’abstention franchissait déjà la barre des 76%, Michel Barnier y voyait l’expression d’«un mécontentement, une lassitude, à l’égard de la situation politique nationale actuelle», son deuxième successeur, Sébastien Lecornu, étant toujours sans gouvernement de plein exercice.
Et les premières réactions n’ont pas tardé. Avant même que les premières tendances ne soient confirmées, le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand a félicité Michel Barnier sur le réseau social X. «Les Parisiens ont fait le choix d’envoyer à l’Assemblée Nationale une voix forte et d’expérience : dans ce contexte particulier, nous en avons plus que besoin», a-t-il écrit, rejoint quelques minutes plus tard par la maire du 7e arrondissement, Rachida Dati.
«La droite et le centre l’emportent dans les 3 arrondissements, fruit du travail de terrain que nous menons sans relâche depuis des années», a félicité la ministre démissionnaire de la Culture, qui avait menacé au début de l’été de se présenter face à Michel Barnier, avant de jeter l’éponge. «Le Parlement gagne une voix forte pour défendre nos valeurs et l’intérêt général», a ajouté la présidente de la région francilienne Valérie Pécresse.
Des marques de respect qui s’étendent même jusqu’au sein du bloc central. «Ce fut un honneur de travailler à tes côtés et ce sera un bonheur de te retrouver à l’Assemblée», a salué Maud Bregeon, ancienne porte-parole du gouvernement Barnier et députée Renaissance des Hauts-de-Seine.