Romancière française et journaliste indépendante, Valérie Péronnet a imaginé l’histoire d’une maison posée sur le bord d’une autoroute à huit voies de Montréal dans ce roman réédité chez Flammarion Québec. Tandis qu’une Française y emménage et entreprend de la rénover, les secrets des anciens occupants se dévoilent.
«La maison poussière», de Valérie Péronnet, est édité chez Flammarion Québec.
© Éditions Flammarion Québec
Posée sur le bord d’une autoroute à huit voies, sur l’île de Montréal, la maison poussière semble résister encore et toujours à l’urbanisation. Un hiver, une inconnue décide d’y emménager. La vieille bâtisse bleue, toute surprise, se questionne: comment se fait-il qu’une Française apparaisse entre ses murs, après tant d’années d’abandon et de solitude?
Les souvenirs anciens s’effacent sous les nouvelles couches de peinture. Pourtant, deux sœurs ont longtemps habité dans cette fameuse maison poussière: Émerencienne et Dumontine.
Un livre chéri
«Cette maison poussière est un vrai cadeau pour moi», dit Valérie Péronnet en entrevue. «C’est vraiment un livre chéri parce qu’il se passe à Montréal et que moi, depuis la pandémie, je n’y suis pas retournée. J’avais l’habitude et le bonheur d’y aller très régulièrement. Ça me manque beaucoup. Je trouve ça extraordinaire que ma Maison retourne chez elle!»
Valérie Péronnet fréquente la ville depuis 35 ans. «J’ai eu une bourse de l’Office franco-québécois pour la jeunesse et je suis venue il y a 35 ans faire un voyage avec une amie photographe. On est allées jusqu’à Mingan pour rencontrer des Montagnais.»
Après ce premier voyage, suivi d’une exposition de photos, elle est revenue presque tous les ans, retrouvant avec bonheur son amie Madeleine Bourgeois, responsable des programmes d’échange à l’OFQJ.
«Sors-moi d’ici!»
«À chaque fois qu’on prenait le boulevard Métropolitain pour aller au centre-ville de Montréal, on passait devant cette maison posée au bord du boulevard Métropolitain. À chaque fois que je passais devant cette maison, j’avais l’impression qu’elle me disait: “Au secours! Sors-moi d’ici!” J’ai fini par lui inventer une histoire.»
Cette maison est toujours là et n’a pas été expropriée. «Pour la Française que je suis, c’est assez étonnant parce que chez nous, quand c’est si près de la route, on exproprie. Elle est au bord de la voie de service.»
Le cimetière d’Oka
L’autre morceau de l’histoire, ajoute Valérie Péronnet, c’est qu’avec ses amis, elle est allée dans le vieux cimetière d’Oka. «J’aime beaucoup lire les tombes parce que je trouve qu’elles racontent une histoire. Surtout dans un pays qui n’est pas le mien. Chez vous, ça raconte toute l’histoire de l’immigration, vague après vague. Ça me touche toujours beaucoup et je suis particulièrement sensible à l’histoire des femmes.»
«Dans les vieux cimetières, on voit des femmes et en dessous: 10 enfants, 15 enfants, avec des dates de naissance et des dates de mort qui sont très proches des dates de naissance. Je pense toujours à ces femmes qui ont eu des vies de chagrin, beaucoup. Le vieux cimetière d’Oka est extraordinaire: chaque tombe raconte une histoire.»
Des prénoms inspirants
Valérie Péronnet est tombée en admiration devant tous les prénoms inscrits sur les pierres tombales. «J’ai imaginé une maîtresse d’école qui faisait l’appel, le matin, et qui appelait tous ces gens aux noms extraordinaires. J’ai trouvé ça super beau: je trouvais que ça ressemblait à une chanson de Gilles Vigneault.»
Elle a pris en photo toutes les tombes. «Je suis revenue avec ça et quand La maison poussière a commencé à venir, je savais qu’elle serait habitée par une institutrice dont les élèves auraient ces noms-là.»
Pour ne pas heurter les éventuels descendants de tous ces gens, Valérie Péronnet a eu la délicatesse de changer les noms et prénoms dans son roman. «J’ai fait une liste de prénoms et une liste des noms de famille et j’ai mélangé pour que ce ne soit pas les vraies personnes qui sont enterrées à Oka. Mais tous ces noms et ces prénoms viennent de là.»
- Valérie Péronnet est une romancière française et une journaliste indépendante qui a longtemps travaillé pour Psychologies Magazine.
- Elle a prêté sa plume à de nombreux ouvrages avant de publier des romans sous son propre nom.
- Elle a coécrit également une série de polars avec Marie-Laure Brunel-Dupin, première profileuse française.
- Elle rencontrera ses lecteurs québécois à la librairie du square Outremont, le 14 octobre.
- Publié en France chez J’ai lu, La maison poussière a été lauréat du prix Club des lecteurs J’ai Lu en 2023.
«C’est un hiver très dur. Un hiver de pluie, de neige et de vents glacés qui font craquer les murs et souffrir les toitures. De noirceurs interminables, de ciels fous. Un hiver sans mots, sans douceur, sans personne.»
– Valérie Péronnet, La maison poussière, Éditions Flammarion Québec
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