Le mercredi 4 décembre dernier était un jour à marquer d’une pierre blanche au Vatican. Le pape François, depuis son fauteuil roulant, a reçu les clés de sa toute nouvelle « papamobile », sobriquet utilisé pour désigner le véhicule où est installé le souverain pontife lors de ses déplacements publics. La voiture, signée BMW, a une particularité de taille : être 100 % électrique. Une grande première qui en dit long sur l’un des combats de l’octogénaire argentin, décédé ce lundi matin : la lutte contre le réchauffement climatique.

Tout au long de son pontificat, le pape François a usé de sa voix et des outils en son pouvoir pour tenter de convaincre les croyants du bien-fondé de son combat en faveur de l’écologie. « Son leadership a rassemblé les forces puissantes de la foi et de la science pour livrer des vérités inattaquables, soulignant les coûts de la crise climatique pour des milliards d’individus », a résumé le secrétaire exécutif de l’ONU Climat, Simon Stiell, ce lundi.

L’origine humaine du changement climatique soulignée

La maison brûle et le 266e pape n’a jamais eu l’intention de regarder ailleurs. En juin 2015, un peu plus de deux ans après son élection, celui qui se nommait Jorge Mario Bergoglio au civil publie sa deuxième encyclique – en réalité la première entièrement écrite par lui, la précédente venant en grande partie de son prédécesseur. Cette lettre, adressée aux fidèles, porte sur « la sauvegarde de la maison commune ». En clair, la planète. Et, là encore, il s’agit d’une première. Aucune autre encyclique n’avait jusque-là été spécifiquement dédiée à ce sujet.

Sur près de 250 paragraphes, il dénonce la surconsommation, l’exploitation excessive des ressources naturelles, la pollution et les dégâts infligés par les hommes à l’environnement et à la biodiversité. Il établit clairement le lien entre activités humaines et réchauffement climatique. Dans ce long texte, publié quelques mois avant la COP21 (qui débouchera sur l’accord de Paris), il voit dans la défense de l’écologie un véritable défi moderne.

Les commentaires sont nombreux, y compris dans des revues scientifiques. Laurence Tubiana, l’une des architectes de l’accord de Paris, y voit alors « un texte fondateur pour l’engagement chrétien dans l’action climatique, qui a inspiré et marqué une nouvelle génération ».

Huit ans plus tard, le pape François use de nouveau de son influence pour tenter d’orienter les catholiques dans sa lutte contre le réchauffement. Cette fois, il dépasse même le cadre de la simple sensibilisation et appelle « toutes les personnes de bonne volonté sur la crise climatique » à agir.

« On ne peut plus douter de l’origine humaine, – anthropique – du changement climatique », écrit-il dès le premier chapitre de son « exhortation apostolique » d’octobre 2023, avant d’égrener les références scientifiques (du Giec notamment) pour étayer ses propos. Un constat « évident », pourtant remis en cause par des « opinions méprisantes et déraisonnables que je rencontre même au sein de l’Église catholique », déplore Jorge Mario Bergoglio.

Dans ce texte diffusé à quelques jours de l’ouverture de la COP28, il incite les responsables politiques à opter pour des mesures contraignantes dans la transition énergétique. Un message fort.

« Une connaissance approfondie » du sujet

Le pape avait « une connaissance pratique approfondie des questions climatiques les plus complexes », a jugé, ce lundi, le secrétaire exécutif de l’ONU Climat, Simon Stiell.

Connu pour avoir défendu les pauvres et les démunis tout au long de son pontificat, l’Argentin, décédé à 88 ans, a toujours, à l’instar de la communauté scientifique, souligné les risques que le réchauffement climatique faisait peser sur les populations les plus vulnérables. Rien d’étonnant, donc, à ce que les hommages rendus au pape François fassent référence à son engagement en faveur de l’environnement.

« Avec sa simplicité, son courage et son empathie, François a apporté au Vatican le thème du changement climatique », a par exemple estimé le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva. Sa mort fait « perdre au monde sa voix la plus incisive pour la justice et l’action contre le changement climatique », a aussi déploré le président du Nigeria, Bola Tinub.

L’octogénaire était « un champion mondial inébranlable de l’action climatique », a conclu le secrétaire exécutif de l’ONU Climat.