Publié le
28 sept. 2025 à 8h08
Témoigner de l’importance de rester actif et de faire du sport malgré la maladie.
Le dire à ceux qui, comme lui, sont touchés par la maladie de Parkinson, neurodégénérative, qui attaque certains neurones et empoisonne les cellules nerveuses.
Oui, affirme le Coutançais Bertrand Letouzé, « on peut combattre cette maladie handicapante grâce à une pratique quotidienne du sport ».
Quand la maladie est-elle entrée dans votre vie ?
La maladie a été reconnue en 2013, mais je la portais déjà deux ans avant. J’en avais les symptômes, sans savoir ce que c’était.
Plombier chauffagiste, ça me gênait dans les mains. Et surtout à travers l’écriture, c’était encore plus flagrant. J’écrivais normalement, puis ça a été moitié moins bien et, à la fin, je n’y arrivais plus. Ou de trop petites lettres. À Avranches, j’ai fait un examen de scintigraphie au niveau du cerveau, où il y avait une tache blanche due au manque de dopamine. J’ai été
d’abord sous médicaments, puis on m’a posé une pompe pour envoyer de la dopamine au cerveau. La première n’a pas bien fonctionné, la seconde non plus. Avec la troisième, ça va pour l’instant. Avec ma femme, qui m’aide beaucoup, je mets la pompe en route chaque matin, chargée avec une ampoule, jusqu’au soir. Elle remplace les 23 médicaments que je prenais tous les jours ; trois toutes les deux heures… Au boulot, ça ne le faisait plus. J’ai été mis en invalidité. Et depuis huit ans, je suis à la retraite.
L’art aide lui aussi les malades
L’art aussi offre une échappatoire aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Une exposition sera d’ailleurs inaugurée au Forum du Mortainais, le vendredi 10 octobre, à 18 h, présentée jusqu’au 7 novembre (24 rue du Rocher, à Mortain). Les trois peintres Simone Hedou, Gérard Roussel et Valérie Lemainque trouvent dans leur art « une source d’énergie et de liberté ».
L’art sera d’une autre manière encore au service des malades le 6 octobre, au port de Granville : pour son 70e anniversaire, le Club Rotary de Granville mettra une affiche commémorative en vente. Les profits seront reversés à l’APM 50 (Association des Parkinsoniens de la Manche) qui « utilisera cette somme pour équiper ses nouveaux locaux de Granville et organiser des actions sur le département ». L’affiche est une aquarelle représentant le terre-neuvier Marité, réalisée par le peintre Denis Moulin et tirée à 100 exemplaires numérotés et signés de la main de l’artiste.
Aujourd’hui, comment vous sentez-vous ?
J’ai du mal à faire surface le matin. Mais je me lève à 6 h, ou 6 h 30, et je fais des étirements. J’appelle ça la mise en route, pendant
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une demi-heure, quand je peux… Parce que je fais toujours plus que je ne devrais et parfois, ça coince. Ensuite, je déjeune et après, avec l’aide de ma femme, j’installe la pompe, reliée par un cathéter à l’estomac via le nombril. Il y a des jours un peu moins bien que d’autres. Mais je fais mon jardin et je fais du vélo, quand je suis en forme. Le but, c’est ça, d’arriver à faire du vélo, 30 kilomètres tous les jours. Des fois, j’ai les pieds et les mollets qui s’engourdissent et pour pédaler, c’est trop compliqué. Ce n’est pas que j’ai tellement mal, mais ça me bloque le pied…
J’ai besoin de taper dedans !
Le sport vous apporte donc tant que ça face à la maladie ?
Après avoir fait du sport, du vélo, je me sens vraiment mieux au niveau du mental. Ça peut paraître incroyable, mais ça me fait du bien. Sans le vélo, je resterais dans mon coin… J’ai longtemps joué au foot, en division d’honneur à Périers, au niveau régional, de mes 18 à mes 35 ans. J’ai continué jusqu’à mes 52 ans et, un peu plus tard, j’ai commencé le vélo, avec un club à Périers. J’ai fait une chute et je me suis cassé la clavicule et la hanche. Une fois, puis une deuxième. En cinq ans. Après j’ai eu la Covid, et j’ai été dans le coma pendant un mois. J’ai aussi fait une chute d’un escabeau, avec cinq fractures. Tout ça n’a rien à voir avec ma maladie. Toujours, je me suis relevé. Ce qui est important aussi, c’est de ne pas s’occuper du regard des autres. Parce qu’on tremble… Je fais de la dyskinésie, ça veut dire que tout le corps tremble. Ça me handicape un peu. Des fois, j’ai des douleurs aux jambes. Mais tant pis ! C’est mon tempérament, j’ai besoin de « taper dedans » !
Il faut se battre. Tous les jours.
S’il y avait un bilan à faire, entre les points positifs et négatifs, que noteriez-vous ?
Grâce au traitement et à la prise en charge, ma santé s’est améliorée. Sans ça, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais. Et le sport m’apporte énormément. J’ai été soigné un peu partout, en neurologie à Rennes, à Saint-Malo, j’ai été à la thalasso de Granville. J’ai toujours trouvé la force de me lever et de marcher et je veux dire aux autres malades de Parkinson d’essayer eux aussi. On peut vivre un peu mieux malgré la maladie. On se soigne aussi avec le sport, qui aide à faire mieux encore qu’avec les médicaments seuls. Ce n’est pas facile de juger ce que sera demain, il y a des moments où la maladie gagne du terrain, certains soirs je suis bloqué, à ne pas pouvoir avancer plus de dix centimètres… Ça me révolte d’avoir ça. Alors j’ai besoin de dire et de partager qu’il faut se battre. Tous les jours.
Pour contacter l’APM 50 : [email protected]
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