Ismaël Khelifa dans «Un dimanche à la campagne»
Capture d’écran
Le journaliste et présentateur du magazine diffusé sur France 5 était l’invité de Frédéric Lopez dans «Un dimanche à la campagne» ce 28 septembre.
Une enfance partagée entre deux cultures. Celui qui s’est fait connaître du grand public en reprenant les rênes d’«Échappées belles» à la suite du départ de Raphaël de Casabianca en 2019 était l’invité de Frédéric Lopez. Ismaël Khelifa s’est ainsi livré entre autres, aux côtés de la chanteuse Julie Zenatti et du comédien et humoriste Raphaël Mezrahi, sur son enfance, à la limite entre joie et gravité.
Fils d’un père algérien et d’une mère haut-savoyarde, Ismaël Khelifa a toujours su préserver et chérir les deux facettes de sa culture. S’il a grandi dans un petit village près d’Annecy, il allait régulièrement en vacances en Algérie dans sa famille paternelle. Jusqu’au jour où un événement traumatisant chamboule ces habitudes : l’assassinat d’un policier sous ses yeux.
«On rentre d’une plage près d’Alger. Je me souviens qu’on est dans la 504 noire de mon cousin où il y a des sièges en skaï marron. Ma mère est à l’avant, mon cousin conduit et ma sœur et moi on est à l’arrière», se remémore précisément l’homme de 46 ans tout en donnant des éléments de contexte géopolitique. «L’islamisme monte fortement à ce moment-là en Algérie et d’un coup, dans le flot de voiture, notre voiture se retrouve prise entre une marée blanche d’hommes barbus – ce sont les islamistes – et de l’autre d’un cordon de policiers. […] Un de ces hommes avec une barbe énorme et le regard injecté de sang prend un policier sur le capot de notre voiture, sort un grand couteau et je vois le geste partir. Et ma mère qui nous dit de nous baisser, la tête dans les jambes. Derrière c’est le chaos, je sais juste qu’on arrive à repartir», partage-t-il comme s’il y était encore.
«Ma mère ce jour-là nous a dit : “je pense que l’Algérie, c’est fini pour au moins vingt ans.”» En réalité, trente années vont séparer Ismaël Khelifa de sa famille algérienne. «Mon père acquiert la nationalité française, donc ma grand-mère algérienne lui dit de ne plus venir parce que ça devient dangereux pour elle. On va se couper de ces gens. […] Mes parents veulent vraiment qu’on s’ancre en France, qu’on soit Français et qu’on n’ait pas de doute là-dessus. Et d’un autre côté, dans le village de mes grands-parents on était un peu les enfants de l’arabe. On me demandait des fois si je portais un couteau sur moi parce que je suis un fils d’algérien.»
Jusqu’au jour où ses parents, souhaitant intégrer davantage Ismaël et sa sœur en France, leur demandent une chose impensable. «Mes parents m’ont demandé de changer de prénom. Ismaël est passé en deuxième prénom pour moi et donc Michel est passé en premier. Sur ma carte d’identité c’est écrit Michel Ismaël Khelifa», explique le journaliste, alors âgé de 12 ans, tout en ajoutant que ce changement s’effectue non pas sous la contrainte mais dans une démarche de confiance envers ses parents. «Je sens que derrière il y a quelque chose qui n’est pas dit mais il y a une volonté de protection qui est très forte. Je les sens inquiets», a-t-il souligné. Et d’ajouter : «Ce que je ressens, c’est que je n’ai plus le droit d’être moi-même».