Le duo de cinéastes Alice Odiot et Jean-Robert Viallet saisit toute l’injustice d’un système grippé.

Après Des hommes (2019), plongée au cœur de la prison des Baumettes, les cinéastes et journalistes d’investigation Alice Odiot et Jean-Robert Viallet placent leur caméra à l’intérieur du tribunal  de Marseille. Après avoir si bien saisi  la machine à broyer que représente  le système pénitentiaire, et la folie qui guette à chaque corridor, Odiot et Viallet reprennent un dispositif proche de celui de Raymond Depardon dans 10e Chambre – Instants d’audiences. Se succèdent à  la barre jeunes garçons et filles puis plus ancien·nes, aguerri·es, familier·ères des salles d’audience.

“De toute façon, tout ça c’est du mensonge”, lancera un avocat de la défense. Si Depardon privilégiait la variété des profils, Stups montre, en se concentrant sur des affaires de stupéfiants,  la reproduction sociale cristallisée par  la prison mais surtout la conviction partagée par tous·tes, condamné·es et condamnant·es, que l’injustice d’un système se répète sans jamais rien réparer de ces vies cabossées. “Vous et moi nous le savons, vous la reverrez”, dira un avocat au sujet de sa cliente menacée de prison ferme. Tout le monde sait et personne n’est dupe. C’est bien de cette grande mascarade organisée par un pouvoir complice que naît le sentiment d’amertume et de révolte suscité par Stups, renforcé par un hors-champ omniprésent, celui du monde des privilèges, exonéré, lui, de tout principe d’exemplarité.

 

Stups d’Alice Odiot et Jean-Robert Viallet (Fra., 2025, 1 h 26). En salle  le 1er octobre.