« La Sécurité sociale, c’est la politique publique qui lie le plus tous les citoyens » : à Saint-Etienne, les étudiants de l’école des cadres et dirigeants de la Sécu gardent foi et enthousiasme pour une institution qui fête ses 80 ans.
« La Sécurité sociale, ça parle à tout le monde, c’est la politique publique la plus connue, la plus accessible pour tous les citoyens : c’est cela qui m’a donné envie de la rejoindre », poursuit Nor Khaif, 25 ans, élève à l’Ecole nationale de la Sécurité sociale (EN3S) après un master à Sciences Po.
Un cursus de 18 mois
L’école forme tous les 18 mois une promotion d’une soixantaine d’étudiants, rémunérés (environ 2 000 euros bruts par mois).
Elle recrute des étudiants en fin de parcours universitaire ou des salariés de la Sécu souhaitant accéder à des fonctions de direction, pour un programme de formation au management mêlant stages d’immersion, cours théoriques et formation à la gestion de projet.
« Ça ressemble à une école de commerce appliquée au social »
« Ça ressemble à une école de commerce appliquée au social », ose Paul Batcabe-Lacoste, 26 ans, passé auparavant par l’Ecole normale supérieure de Lyon et Sciences Po.
Cette formation très pratique correspond à l’organisation de la Sécurité sociale, beaucoup plus souple que les services de l’Etat ou des collectivités locales, selon les élèves – qui seront des salariés de droit privé, comme tous les agents de la Sécu.
« Pour être passée dans plusieurs » services de la fonction publique, « j’ai l’impression, dans certaines caisses (de la Sécurité sociale), d’arriver dans une start-up », avec « des démarches très horizontales pour mobiliser tous les agents » affirme Julie Terrey, 24 ans, qui a choisi la Sécu pour « la diversité des postes » offerts.
« Quand on compare aux services de l’Etat, la Sécurité sociale a bien intégré qu’il fallait monter en compétence en management », et favoriser par exemple au maximum une organisation décentralisée, indique Paul Batcabe-Lacoste.
Pas une charge mais un investissement dans l’avenir
Le jeune homme regrette d’ailleurs un certain manque de réflexions politiques et prospectives dans une formation très gestionnaire. « On n’est pas formé aux enjeux politiques », déplore-t-il.
« On ne réfléchit pas à de futurs enjeux, comme la Sécurité sociale alimentaire (permettre à chacun d’avoir accès à une alimentation saine) ou la place de la Sécu dans la transition écologique », regrette en écho Cécile Chevalier, 43 ans, qui était à l’origine ergothérapeute, mais qui s’est ensuite ré-orientée vers les administrations de sécurité sociale.
« C’est aussi un système qui crée de la richesse et de l’emploi »
Même si le 80e anniversaire de la Sécurité sociale est marqué par les inquiétudes sur ses déficits, les élèves gardent confiance dans la pérennité de l’institution.
« La Sécurité sociale, c’est un système complexe. Il faut mieux informer les gens sur tout ce qu’elle apporte, sans qu’ils ne s’en rendent compte », estime Audrey Fernandez, 40 ans.
Comme d’autres élèves, cette ancienne assistante de service social dans une caisse régionale vieillesse et assurance maladie (Carsat) voudrait que la Sécurité sociale soit un peu moins perçue comme une charge, et un peu plus comme un investissement dans l’avenir.
« Quand on investit dans l’enfance, dans la famille », avec les allocations familiales, les aides à la garde d’enfant et les multiples initiatives locales des Caisses d’allocations familiales, « c’est autant de moyens qu’on donne aux familles pour se développer correctement », et « autant de dispositifs qu’on n’aura pas à mettre ensuite pour rattraper les dégâts », estime-t-elle.
« La Sécurité sociale, c’est aussi un système redistributif majeur, qui crée de la richesse et de l’emploi », rappelle Julien Orlandini, ancien élève de l’EN3S devenu directeur de la Caisse d’allocations du Var.
« Et on ne peut pas toujours tout voir dans une logique de contrepartie, alors qu’elle a d’abord été créée pour protéger contre les aléas de la vie », rappelle-t-il.