Les stations d’épuration remontent dans les priorités d’investissement de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). La collectivité a clos le 8 avril une enquête publique sur la création d’un nouvel ouvrage à Illkirch (Bas-Rhin). Ce projet vise à restructurer la collecte et le traitement préalable des eaux usées sur la partie sud de son territoire, avant leur envoi vers le nord et la grande station commune de La Wantzenau, d’une capacité d’un million équivalents-habitant (EH). Une organisation qui évitera l’engorgement des réseaux d’assainissement du secteur. Attendue fin 2028, l’infrastructure d’Illkirch sera, elle, dimensionnée à 50 000 EH, soit 10 000 EH de plus que les trois qu’elle remplacera, car « vieillissantes et saturées », rappelle Thierry Schaal, vice-président de l’EMS chargé de l’eau et de l’assainissement.
Exploitée en régie, la nouvelle station d’épuration s’installera sur un terrain aujourd’hui agricole de 6 ha, « qui s’est avéré le plus approprié pour réunir les critères de préservation des zones humides et du potentiel agricole », poursuit l’élu. Sa construction, prévue à partir de 2027, représente un investissement de 38,9 M€ HT via un marché de conception- réalisation en cours de consultation (procédure négociée). Dès l’année prochaine cependant, un réseau de transfert des eaux usées des communes voisines de Fegersheim et Geispolsheim vers Illkirch sera créé de sorte à constituer un « système d’assainissement sud ».
Le schéma directeur métropolitain d’assainissement, dans lequel ces projets s’inscrivent, prévoit aussi l’aménagement de bassins d’orage jusqu’en 2030 pour la rétention des eaux lors des épisodes de fortes pluies. Sur les 27 ouvrages programmés, d’une capacité de stockage totale de 62 000 m3 à l’échelle de l’agglomération, le secteur sud en accueillera sept (14 430 m3 cumulés) dont quatre sont achevés, un en chantier (Geispolsheim quartier gare) et deux à lancer à Geispolsheim et Fegersheim.
Traitement des boues. L’heure est également aux travaux à la station de La Wantzenau, exploitée par Veolia. Lauréat du marché de conception- réalisation de l’EMS, le groupement comprenant Degrémont (mandataire et filiale du groupe Suez), Demathieu Bard (génie civil), Loeber (électricité), Oze Architecture et Naldeo (maîtrise d’œuvre) a entamé fin février le renouvellement de la ligne de traitement des boues pour 55 M€.
Grâce à une version modernisée de l’incinération dans un four à lit fluidisé, le projet vise à dégager une quantité de c haleur supérieure aux besoins spécifiques du site, de sorte que cet excédent puisse alimenter le reste de l’agglomération. Sa production est évaluée à 20 GWh par an, à mettre au regard des 17 GWh par an que génère aujourd’hui la station d’épuration, sous la forme de biogaz issu de la méthanisation de 13 000 tonnes annuelles de boues. En outre, le nouveau traitement doit permettre de récupérer les 250 à 300 tonnes annuelles de phosphore contenues dans les cendres pour leur valorisation. Sa mise en service complète est prévue en avril 2028.